PRODUCTION DU RIZ PADDY AU BÉNIN : Comment relever le défi d’un million de tonnes d’ici 2026

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Le gouvernement béninois mise beaucoup sur la production agricole qui joue un rôle des plus importants pour l’économie, puisqu’elle génère plus de 70% d’emploi et 35% du PIB.
Pour atteindre ce niveau, il eût fallu la promotion et la valorisation de certaines filières porteuses dont la filière riz, qui sous le leadership du gouvernement actuel est en train de connaître une hausse de productivité sans précédent.

L’ambition affichée est sans équivoque : produire suffisamment du riz pour garantir la sécurité alimentaire, améliorer les revenus des acteurs de tous les maillons de la filière, assurer le bien-être social et impacter le Produit National Brut et l’économie nationale. Pour ce faire depuis 2016 le gouvernement via le ministère de l’agriculture et ses structures sous tutelle œuvre de manière stratégique pour que cette ambition soit une réalité. L’objectif est d’atteindre la production d’un 1million de tonnes de riz au plan national. «Mon pays le Bénin s’engage à produire un million de tonnes de riz. J’y crois. Ce sera chose faite », avait déclaré le ministre de l’agriculture Gaston Cossi Dossouhoui en 2023 lors d’une cérémonie de remise d’équipements aux producteurs de riz de Karimama. C’est une appétence qui se justifie par l’effervescence de la fermeture des frontières nigérianes en 2019.
En effet, le Nigeria avait fermé ses frontières en mettant en avant la réexportation du riz venant d’ailleurs sur son territoire. «La réalité des fermetures cycliques des frontières du Nigéria nous amène à être plus ambitieux. Dédoubler les muscles, accompagner les producteurs. Il faut de l’appui conseil aux producteurs, le suivi rigoureux des itinéraires techniques, une bonne organisation des récoltes pour minimiser les pertes post-récoltes. Quand on se fixe des objectifs qualitatifs et quantitatifs, on tutoie les performances. Quelque chose doit changer en votre temps», a régulièrement martelé le Ministre à différentes occasions.

Une ambition qui se concrétise à petits pas

En 2018, le ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a mis en place le programme national de développement de la filière riz. C’est une initiative pilotée par l’Agence territoriale de développement agricole du pôle 1 (Atda1), chargée de la promotion de la filière riz. «L’objectif de ce programme était d’atteindre la production de 500.000 tonnes de riz paddy entre 2018-2021. <<Ce défi a été relevé avec faste pour une production nationale de riz paddy estimé à plus de 519.000 tonnes en 2021 contre 281.408 tonnes en 2017.» dixit Kabirou Bouraima, Coordonnateur National du Programme riz. Il s’agit d’un exploit à l’actif des riziculteurs, des Agences territoriales, du ministère de l’agriculture et du gouvernement Talon. Si le défi des 500.000 tonnes est relevé, la vision de produire 1 million de tonnes reste à concrétiser. En ce sens que la production nationale de 500.000 tonnes enregistrée, ne pourrait couvrir l’alimentation en riz de la population béninoise. Le déficit du riz blanc est ainsi comblé par les importations.
C’est cette tendance que le Gouvernement du Bénin veut inverser en amenant les producteurs à emblaver, d’ici 2025, 215.000 hectares de riz, soit 57% du potentiel des 375.000 hectares disponibles. Ceci pour atteindre la production d’un million de tonnes à l’horizon 2026.

Cinq couloirs pour concrétiser le défi

Le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche veut passer la production nationale de riz paddy à 1 million de tonnes d’ici fin 2026 contre une récolte de 531 000 tonnes en 2022, dans le cadre de la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture-deuxième génération (Sndr 2) mise en œuvre par l’Agence territoriale en charge du développement du pôle 1 (Atda1).
Pour y parvenir, Kabirou Bouraima, Coordonnateur National du Programme riz énonce cinq couloirs d’actions. Ce sont des stratégies mise en place dans le cadre du programme National de développement de la filière pour l’atteinte des objectifs, il s’agit de :

  • Accès aux facteurs de production

Ici, il est question d’aider les producteurs des coopératives de riziculteur à aménager les terres. La mise à la disposition des producteurs des semences certifiées qui résistent aux conditions hydriques pour une production à haut rendement. Grâce à ces semences la production est doublée malgré les mêmes efforts, la même portion de terre emblavée au paravent. À ceci s’ajoute l’accès aux engrais à temps.

  • Accès aux facteurs d’equipement et d’infrastructures

Il s’agit de mettre à disposition des producteurs des tracteurs, des motoculteurs et bien d’autres équipements nécessaires pour accompagner les producteurs.

  • La maîtrise de l’eau

Le riz fait partie des spéculations qui consomment beaucoup d’eau. Ainsi la mission est d’œuvrer pour la disponibilité de l’eau nécessaire pour la production. «Dans les zones où il y a des cours d’eau à quelques kilomètres nous mettons à disposition des producteurs, des moto pompes leur permettant d’avoir accès à l’eau. Créer grâce aux eaux des fleuves, des barrages qui coulent des retenues d’eau et en amont faire des périmètres rizicoles. Pour cette initiative près de 35000 hectares sont prévus d’être aménagés. L’aménagement et la maîtrise de l’eau peuvent permettre d’atteindre cet objectif des 1 million de riz paddy.» a expliqué Kabirou Bouraima.

  • Le savoir- faire des producteurs

Il s’agit d’instruire les riziculteurs sur les bonnes pratiques culturales : Comment faire le traitement, la préparation du sol, le semis et le repiquage des plants. Si le semis est fait, il faut bien savoir à quelle période, il faut mettre l’engrais et l’herbicide, contrôler les ravageurs, les écarts à observer dans la culture et un suivi adéquat jusqu’à la récolte ainsi que le battage. «Pour cela, des jeunes formés des lycées agricoles seront déployés sur le terrain pour assister les producteurs.» a-t-il déclaré.

  • La facilitation aux financements agricoles

Pour Kabirou Bouraima, le producteur a le désir et la force physique mais n’a pas de ressources financières nécessaires pour entretenir sa culture. «A cet effet, nous travaillons avec le fonds national de développement agricole Fnda pour faciliter l’accès aux crédits des producteurs. Ceci à travers les Atda, les cellules communales.» a-t-il fait savoir. « Quand tous ces cinq couloirs sont mis ensemble simultanément, à la porte de sortie nous aurons le rendement attendu. Notons que déjà avec les semences certifiées, à effort égal, le producteur à déjà 30% de rendement de plus que le rendement de la semance ordinaire. De plus celui qui a observé les bonnes pratiques a également 30% de rendement supplémentaire. Nous misons sur tous ces axes pour pouvoir atteindre la production des millions de riz.» ajoute le Coordonnateur National du Programme riz.
« Il revient à présent à nous producteurs de jouer notre partition pour l’atteinte du million de tonnes de production du riz paddy », rassure Adam Seidou, un producteur de la commune de Malanville.
Le rendez-vous est ainsi pris. C’est désormais 1 million de tonnes de riz paddy en 2026. Bon an mal an, l’accomplissement de ce rêve tant attendue nourrit l’espoir de tous.

Moudachiou ALIOU

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