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PRODUCTION DE SÉSAME AU BÉNIN : Entre hésitation et reconnaissance…

Communément appeler dans les langues nationales béninoises « Egusi », « Goussi » ou encore « Agoussi », le sésame est produit un peu partout sur toute l’étendue nationale du Bénin. Pour un céréale peu valorisé malgré sa large consommation dans certaines zones, le sésame être exploité pour impulser le développement économique des agriculteurs. Il joue en effet, un triple rôle en tant que source de revenus local, agent de régénérateur de la fertilité des sols et aliment à haute valeur nutritionnelle. Toutefois, sa production peine à se développer et à contribuer de manière efficace à l’autonomie financière des producteurs.

Production et potentialités économiques du sésame au Bénin

En Afrique de l’Ouest en général et au Bénin en particulier, le sésame constitue une source importante d’huile végétale et de revenus pour les
producteurs locaux. Particulièrement au Bénin, trois espèces sont cultivées, il s’agit de : Citrullus Mucosospermus Fursa, Largenaria
Sicéraria et Cucumeropsis Mannii Naudin. Au nombre des trois variétés, le Cucumeropsis Mannii est reconnu comme le vrai « Egusi » en raison de son appellation Egusi-tchigan par les populations Béninoises. La production de ces espèces est répandue sur tout le territoire béninois dans les départements du Zou, des Collines, de ľAtacora et de la Donga. Selon la direction de la statistique agricole, la production moyenne annuelle du sésame au Bénin entre 2014 et 2023 est estimée à 5,715 tonnes avec une superficie moyenne annuelle de 8,784 ha. Le rendement moyen est de 655 T/ha sur la même période avec une superficie moyenne par producteur de 0,25 à 1 ha, incluant les cultures de case, la monoculture et celle en association. Les « Egusi » sont d’une
grande importance alimentaire, médicinale et surtout économique pour les communautés locales.
«Aujourd’hui, nous valorisons les « Egusi » à travers nos différents produits de boulangerie et de pâtisserie. Nous avons réalisé des pains baguette, des croissants des petits cakes, des gâteaux et des pains viennois.», a confié Servais Padonou, un boulanger parlant des atouts culinaires du sésame.
Pour les agriculteurs, le sésame fait partie des cultures rentables, si l’on arrive à occuper une superficie importante en suivant les bonnes techniques de production. «Actuellement, sur le marché, le prix du kilogramme est d’environ 1 200 francs Cfa. Un producteur qui parvient à cultiver une grande superficie peut donc faire un bon bénéfice.» a notifié Goule Abdoul-Azizou, de la Coopérative Communale des Producteurs de Sésame (Ccops) de Parakou. De plus, en dehors de sa rentabilité, sa richesse en huile montre le fort potentiel du sésame pour la production d’huile végétale. Un atout considérable qui va permettre de valoriser toutes les variétés de sésame pour apporter une plus-value économique et contribuer à la croissance économique du pays.
La valorisation de toutes les espèces contribuera à la diversification des sources de protéines et huiles végétales au Bénin, dans la sous-région ouest-africaine. Tout ceci pourrait contribuer également à la diversification des sources de revenus pour les producteurs, les acteurs de la chaîne de valeur, y compris les transformateurs et les commerçants.

Les défis liés à la filière sésame

Malgré le potentiel dont regorge la culture du sésame au Bénin, elle est confrontée à d’énormes difficultés qui freinent son développement. Il s’agit des difficultés allant de la production à la transformation et de la commercialisation à la valorisation. En effet, les producteurs sont confrontés à une absence d’assistance technique, le manque d’outillage approprié et l’attaque par les insectes. « La culture du sésame nécessite également des terres spécifiques, souvent laissées en jachère, ce qui limite la superficie cultivable. De plus la non maîtrise des techniques et méthodes de culture appropriée est l’un des défis majeurs à relever » souligne Goule Abdoul-Azizou, expert en production biologique et membre de la Coopérative Communale des Producteurs de Sésame (Ccops) de Parakou. Ces constats suggèrent la nécessité d’une attention accrue des décideurs envers le sésame comme culture pouvant contribuer au bien-être des populations rurales.

Perspectives

Pour une filière sésame prospère pouvant efficacement contribuer à l’économie nationale, il est important de faire la promotion de cette ressource de façon à ce que les producteurs soient assistés depuis la production jusqu’à la mise sur le marché en passant par la récolte, voire la transformation. D’abord il faudrait que les autorités du secteur agricole s’impliquent davantage en facilitant l’accès aux intrants spécifiques et à des marchés internationaux plus stables. Ensuite, il serait crucial d’investir dans la transformation locale, en créant des usines pour produire de l’huile de sésame, des biscuits et d’autres dérivés. Cela contribuerait à renforcer l’économie nationale, l’autonomisation économique des communautés locales et à réduire la
dépendance vis-à-vis des huiles végétales importées dont la qualité demeure toujours incertaine. Enfin, une meilleure organisation des producteurs en coopératives permettrait de stabiliser les prix et d’éviter les intermédiaires qui font baisser les revenus des agriculteurs.

Moudachirou ALIOU

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