TRANSFORMATION DU SOJA À OUESSÈ-WOGOUDOU : Des femmes relèvent le défi de l’autonomisation

Dans un contexte marqué par des discours d’émancipation et d’autonomisation, des femmes de milieu rural défavorisé sont nombreuses à se lancer dans la transformation du soja, donnant la preuve de leur capacité à se prendre en charge. C’est le cas d’un groupe de femmes de la commune de Ouèssè comme d’autres jusque là inconnu.
Bien que n’ayant pas étés scolarisées, ces femmes de Vossa du village de Ouessè-Wogoudou de l’association Fifonsigbédé gagnent pleinement leur vie et ne sont plus comme on le dit «un fardeau» pour leur conjoint.
À Vossa, une vingtaine de femmes réunis au sein du groupement qui bénéficient « Fifonsigbédé » jouissent des revenus que leur procure la transformation du soja en fromage.
Après une formation reçue dans la transformation de ce produit agricole, elles sont désormais des femmes autonomes et indépendantes, qui ne tendent pas forcément la main avant de subvenir à leurs besoins. Elle ont appris à transformer le soja sous différents dérivés tels que le fromage de soja communément appelé «Amon Soja» et à le commercialiser.
Pour une meilleure rentabilité, elles se sont imposées rigueur et discipline. Dans l’association Fifonsigbédé, c’est dans un ordre précis que chacun membre accompli sa tâche. Déjà au départ celles qui sont chargées de remplir les jarres d’eau s’appliquent, bassine à la tête avec tous l’enthousiasme possible. Pendant ce temps, un autre groupe se charge du nettoyage des ustensiles. De encore se chargent de faire le feu de bois qui va servir à cuire le jus recueilli de la pâte de soja. Certaines sont occupées avec le soja préalablement trempé dans de l’eau depuis quelques jours.
Tout ceci témoigne non seulement de leur ambition commune, de l’intérêt qu’elles accordent à leur activité, mais aussi de la passion qui les animent.
Ce n’est pas une simple activité de gagne-pain. C’est aussi un savoir vivre qui se cultive et de transmet dans cette association de femmes rurales.
Elles sont nombreuses à témoigner du bénéfice qu’elles tirent de cette activité. Cécile Agassounon veuve depuis cinq ans déjà explique que c’est grâce à ses revenus de la transformation du soja qu’elle assume la grade de ses enfants. « J’ai commencé la transformation de soja et j’en ai profité des fruits avec ma famille il y a plus d’une dizaine d’années aujourd’hui. En réalité avec le temps j’ai compris que mon mari ne pouvait pas à lui seul s’en sortir. J’ai eu la chance d’avoir des enfants et aussi la garde de mes petits enfants. Les bouches que je nourris aujourd’hui sont au total onzes. Se sont les bénéfices de l’activité de transformation du soja qui assurent la bonne santé de mes enfants, paient leur petit-dejeuner et couvrent leur scolarité», lance-t-elle, visiblement, toute émue. Ayant très tôt compris l’importance de soutenir son époux dans les charges, aujourd’hui après son décès elle arrive à assumer cette responsabilité de parent, toute seule avec son activité de transformatrice de soja. «Mes enfants ont certes perdu leur père mais le soja en est devenu un pour eux », ajoute-t-elle.
Comme elle, d’autres bénéficiaires de cette activité n’ont pas caché leur reconnaissance. C’est le cas de Brigitte Assouan qui affirme: « aujourd’hui, que mon mari m’en donne ou pas je supporte mes cinq enfants. Je ne l’attends plus avant de subvenir aux besoins de la maison et à mes besoins personnels». Comme pour toute activité économique, après les débuts difficiles, le confort s’installe peu à peu. «nous y avions sacrifié notre corps et notre énergie. Malgré les difficultés, nous étions persuadé de récolter des fruits avec plus d’endurance. Et aujourd’hui nous ne pouvons pas énumérer tous les bienfaits que nous en tirons ». se réjouit-elle.
Néanmoins, tout n’est pas totalement rose surtout face à la concurrence. Ces femmes se retrouvent parfois confrontées à plusieurs difficultés. Au nombre de celles-ci on peut citer les pratiques déloyales et autres qui portent forcément un coup dur à l’activité. Agnès Dossou en parle : « Il faut reconnaître que lorsque la vente du soja et de ses dérivés n’était pas encore connue de tous comme c’est le cas aujourd’hui, il y avait énormément de bénéfices. Mais aujourd’hui les choses ont changé. Au moment où tu vends l’unité à 25 f d’autres vendent 03 morceaux à 50 f ou encore 05 à 100 f. Ce qui fait que le marché n’est plus le même qu’avant mais on arrive encore à trouver notre part». De plus à Vossa dans l’arrondissement de Ouessè-Wogoudou la rareté de l’eau est un obstacle qui impacte fortement l’activité de ces femmes. À cela s’ajoute la pénurie du soja à certaines périodes de l’année et le manque de matériels modernes de transformation qui entravent le développement normal de l’activité de transformation du soja. Toutefois, elles restent optimistes et ne laissent nulle place au découragement.
Euphrasie KOUDAKA (Stg)