CAMPAGNE AGRICOLE 2025-2026: Les premiers semis sous les signes d’espoir à Matéri et Cobly

À Matéri et à Cobly, la campagne agricole 2025-2026 est désormais en marche. Après plusieurs semaines de retard liées à l’absence de pluies, les premières précipitations sont enfin tombées, permettant aux producteurs de coton et de maïs d’amorcer les semis. L’Association Interprofessionnelle du Coton (Aic) et l’Institut de Recherche sur le Coton (Irc) se sont rendues ces communes à l’occasion d’une mission conjointe dans le nord-ouest du Bénin pour écouter les producteurs, diagnostiquer la situation et apporter des éléments de réponse face à leur inquiétude croissante.
Sur le terrain, la situation était tendue. Les pluies attendues depuis le mois de mai ne s’étaient pas encore installées durablement. Les agriculteurs, confrontés à un climat imprévisible, redoutaient de perdre une bonne partie de la saison. « Nous avons reçu une pluie aujourd’hui. Si dans la semaine, on n’a pas encore une sécheresse qui vient nous embêter, je crois que même si on ne va pas atteindre les prévisions, on va quand même faire de notre mieux », a déclaré Célestin Agoidani, président de l’Union communale des coopératives villageoises de Matéri.
L’intervention des cadres agricoles n’est pas anodine. Selon Eliab Biaou, Directeur Départemental de l’Agriculture et de la Pêche, la dernière campagne de commercialisation s’est soldée par un taux élevé de déclassement du coton, synonyme de perte de revenus pour les producteurs.
Cette année la situation a été aggravée par la rareté des pluies tout au long des trois décades du mois de juin 2025, et les producteurs de coton se remémorent déjà les pertes de la campagne dernière au point de se demander si c’est encore la peine de produire du coton.
La mission après avoir fait le point de la situation sur le terrain, a rassuré les producteurs afin de maintenir la mobilisation, dans un esprit de dialogue et de relance.
Les premiers résultats de cette concertation sont encourageants. Alexis Hougni, Directeur de l’Irc, a précisé que sur les 13 500 hectares validés pour le coton, 5 000 ont déjà été semés. Il reste donc entre 6 000 et 7 000 hectares à couvrir. Des dispositions sont en cours pour que les intrants, notamment les semences et les fertilisants, arrivent dans les meilleurs délais afin d’accompagner les producteurs dans la relance effective de la campagne.
Malgré les difficultés de démarrage, l’engagement des producteurs reste tout de même fort. Ceux de Matéri, particulièrement éprouvés par le déclassement massif de leur coton lors de la campagne écoulée, affirment leur volonté de poursuivre la production. « On ne peut pas dire que Matéri ne sera plus producteur de coton à cause d’un déclassement. Nous sommes aussi contents du fait que , victimes d’une telle situation, votre hiérarchie soit venue nous visiter. », a confié un producteur, soulagé par la présence de la mission.
Du côté de la culture du maïs, la situation semble plus rassurante. Les premières levées sont bien visibles et les jeunes pousses résistent. À Matéri, selon Franck Akogbéto, chef cellule communale pôle 3, 642 hectares de maïs ont déjà été semés. « Le maïs n’est pas encore en retard. Avec l’arrivée des pluies, je crois que c’est bien parti », a-t-il précisé, optimiste.
Des missions similaires ont été également déployées dans d’autres départements comme l’Alibori, les Collines et le Zou. Partout, les autorités agricoles, appuyées par l’État et les structures techniques, accompagnent les producteurs afin de contenir les effets du dérèglement climatique sur les cultures vivrières et de rente.
Nadjahatou BAGUIRI