DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE AU BÉNIN : Des mains qui façonnent le secteur

• Des institutions qui font rayonner l’agriculture béninoise
Les institutions agricoles, qu’elles soient publiques ou privées, jouent un rôle crucial dans le développement de l’agriculture en fournissant des services, en influençant les politiques, et en facilitant l’accès aux ressources. Elles interviennent à différents niveaux, allant de la recherche et la formation, à la mise en œuvre de politiques agricoles, en passant par le conseil et l’appui aux producteurs.
Au Bénin, le secteur agricole n’est pas exclu du dynamisme de ces institutions. L’agriculture béninoise est affermie de part et d’autre par la vitalité des institutions agricoles. Lesquelles publiques ou privées apportent leurs pierres à l’édifice du développement agricole. Même si les ambitions restent à concrétiser, malgré les efforts et approches, elles font rayonner l’agriculture béninoise et suscitent admiration voire de la convoitise. Tout en considérant la quote-part non négligeable et parfois concurrentielle des institutions privées dans cette émergence, notre analyse lève le voile sur quelques institutions agricoles publiques au Bénin.
L’agriculture est un secteur clé de l’économie béninoise. Elle contribue significativement au Produit Intérieur Brut (PIB) à hauteur de 32,7% et à environ 70% de l’emploi. Le pays voulant réellement mettre au profit les atouts du secteur agricole a mis en place plusieurs institutions agricoles. Ces institutions accompagnent l’ambition du gouvernement béninois à développer et à diversifier son agriculture, avec des initiatives visant à améliorer la productivité, la mécanisation, la sécurité alimentaire, l’accès aux marchés et la résilience face au changement climatique. Ces institutions ayant chacune un rôle précis, constituent les piliers du dynamisme du secteur agricole béninois. Parmi eux, on peut pointer du doigt : la Chambre Nationale de l’Agriculture (Cna), l’Institut National de Recherche Agricole du Bénin (Inrab), le Fonds National de Développement Agricole (Fnda), les Directions Départementales de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (Ddaep), les Agences territoriales de développement agricole (Atda), la Société Nationale de Mécanisation Agricole (SoNaMA), l’Agence Météo Bénin et les toutes dernières créations telles que l’Agence de développement de l’élevage des ruminants (Ader) et la Société de développement des fermes avicoles (Sdfa) dont on attend encore les preuves sur le terrain .
La Chambre Nationale de l’Agriculture
Défenseur des intérêts des acteurs du monde agricole auprès des pouvoirs publics, la Chambre Nationale de l’Agriculture du Bénin (Cna-B) est l’un des piliers du dynamisme agricole béninois. Représentant des agriculteurs, éleveurs, pêcheurs, exploitants forestiers et autres acteurs du secteur agricole, la Cna, veille à la sauvegarde des intérêts généraux et spécifiques de la profession agricole, notamment en matière de production, de transformation et de commercialisation des produits. Elle intervient également dans la réorganisation des Organisations Paysannes (Op), accompagnant les agriculteurs dans leurs démarches administratives et techniques, contribuant ainsi à leur professionnalisation. Les cas palpables des filières soja et anacarde et bien d’autres comme la naissance de l’interprofession soja, de l’interprofession palmier à huile et la Fédération Nationale des producteurs d’anacarde du Bénin (Fenapab) justifient entre autre l’existence de l’institution.
La Cna, participe activement à l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques et programmes agricoles du gouvernement, informe les acteurs agricoles des politiques, programmes et réglementations relatives au secteur, tout en recueillant leurs préoccupations. Médiateur dans les conflits liés au secteur agricole, la Chambre Nationale d’Agriculture du Bénin facilite le dialogue entre les différents acteurs du secteur et les pouvoirs publics, favorisant ainsi une meilleure coordination. Ainsi, la Chambre Nationale de l’Agriculture du Bénin joue un rôle essentiel dans le développement du secteur agricole, en assurant la représentation des acteurs, la promotion de l’innovation et l’accompagnement des professionnels vers une agriculture plus performante.
L’Institut National de Recherche Agricole du Bénin
L’Institut National de Recherche Agricole du Bénin (Inrab) est comme le bras intellectuel du secteur agricole béninois. Il a pour mission de mettre en œuvre la politique du gouvernement dans le domaine de la recherche agricole, en produisant des connaissances et des technologies pour un monde rural durable voire compétitivité. A cet effet, l’Inrab développe et diffuse des technologies agricoles innovantes et adaptées aux besoins des producteurs, tout en préservant les ressources naturelles. Elle travaille à améliorer la productivité et la compétitivité des filières agricoles prioritaires, contribuant ainsi à la croissance économique et à la sécurité alimentaire. Pour le renforcement de capacités, l’Inrab contribue à la formation des ressources humaines dans le domaine de la recherche et du développement agricoles. Ceci, en coordonnant des activités de recherche agricole au niveau national et en travaillant en étroite collaboration avec d’autres institutions.
Des travaux de recherches innovantes qui aujourd’hui apportent un soutien considérable au secteur agricole béninois. Il s’agit parmi tant, du développement et la mise à disposition des agriculteurs des variétés de semences de maïs, de riz, de coton et d’autres cultures adaptées aux conditions locales et plus résistantes aux maladies et au stress hydrique à travers les semences hybrides et améliorées. La promotion de la culture intercalaire de légumineuses avec le maïs pour améliorer les rendements et la fertilité des sols, réduisant ainsi le besoin d’engrais chimiques. La mise en place des systèmes de stockage et de conservation des produits agricoles pour réduire les pertes post-récolte et améliorer la sécurité alimentaire. Le développement des pratiques agroécologiques durables telles que les rotations de cultures diversifiées, l’utilisation de cultures de couverture et l’agriculture de conservation. La capitalisation des connaissances scientifiques et des acquis de la recherche agricole reste un pilier essentiel de l’institution. L’Inrab s’engage ainsi à travers ses recherches et ses projets à fournir des outils, des connaissances nécessaires pour une agriculture plus productive, durable et compétitive pouvant améliorer la sécurité alimentaire au Bénin.
Le Fonds National de Développement Agricole
Le Fonds National de Développement Agricole (Fnda) est une institution clé dans le financement et l’accompagnement des acteurs du monde rural pour transformer leurs projets agricoles en initiatives concrètes, durables et rentables. Il œuvre pour faciliter l’accès au financement des promoteurs agricoles auprès des banques et des systèmes financiers décentralisés (Sfd).
Le fnda s’est donné pour rôle de promouvoir l’investissement privé dans le secteur agricole pour améliorer la production, la compétitivité et la résilience des systèmes agricoles, tout en contribuant à la sécurité alimentaire et à la création d’emplois. De sa création jusqu’aujourd’hui, d’importants progrès très significatifs ont été enregistrés dans le cadre du financement des entrepreneurs agricoles.
Entre 2020 et 2024, le Fonds National de Développement Agricole a facilité plus de 82 milliards FCFA de financements, soutenu près de 6 729 projets agricoles, fait bénéficier à plus de 29 000 personnes, dont plus de 10 000 femmes. Ces financements sont répartis entre autres dans la construction de magasins de stockage de produits agricoles, la mise à disposition d’équipements agricoles de transformation, de l’aménagement (hydroagricoles, pastoraux, etc. ), le soutien à diverses filières porteuses telles que l’ananas, l’anacarde, le coton, le maïs, le manioc, les produits maraîchers et laitiers, les œufs, la pisciculture, le riz, la viande et le soja. Il est à compléter à tout ceci l’octroie des subventions aux promoteurs privés pour l’accroissement de leurs activités agricoles et le renforcement de capacités des acteurs agricoles, notamment à travers des champs écoles des producteurs (Cep) et des programmes d’amélioration des pratiques agronomiques.
Le Fnda occupe une place prépondérante dans le développement agricole au Bénin en terme de facilitation de l’accès au financement, l’appui à la modernisation des infrastructures et de la promotion des filières agricoles porteuses de croissance.
Les Directions Départementales de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche
Les Directions Départementales de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (DDAEP) ont une responsabilité essentielle en tant que services publics décentralisés chargés de l’orientation, du suivi-évaluation et du contrôle de l’application des réglementations et normes dans le secteur agricole au niveau départemental. Elles servent de point de contact direct entre les bénéficiaires et les Agences territoriales de Développement Agricole (Atda) et accompagnent les producteurs dans leurs démarches et projets, notamment en lien avec le Fonds National de Développement Agricole (Fnda).
Les Directions Départementales de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche organisent des formations et des ateliers pour les producteurs et autres acteurs du secteur agricole, afin de les outiller sur les bonnes pratiques agricoles, la gestion des exploitations et la valorisation des produits agricoles. Elles encouragent également l’adoption de techniques agricoles durables telles que la gestion intégrée de la production, l’utilisation d’engrais verts, et la conservation des sols, tout en travaillant à la structuration et à la professionnalisation des filières agricoles clés comme l’ananas, le coton, le riz, le palmier à huile, le maïs, et l’anacarde, en mettant l’accent sur l’amélioration de la qualité des produits et la valorisation des productions. De plus, les Ddaep soutiennent le développement de l’élevage en contribuant à l’amélioration de la santé animale, à la promotion de l’alimentation animale et à la mise en place de systèmes d’élevage plus performants. En marge de tout ce qui précède, elles assurent le suivi et l’évaluation des projets agricoles mis en œuvre dans leur département respectif, afin de garantir leur efficacité et leur impact sur le développement agricole de façon général.
Les Directions Départementales de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, en assurant la mise en œuvre des politiques publiques et en accompagnant les acteurs locaux s’imposent parmi les acteurs clés pour du développement agricole.
Les Agences Territoriales de Développement Agricole
Les principaux pôles de développement agricole au Bénin sont au nombre de sept. Gérés par les Agences Territoriales de Développement Agricole (Atda), ils couvrent différents territoires et filières agricoles. Les agences sont chargées de la promotion des filières agricoles et de l’accompagnement des producteurs. Elles ont pour rôle principal de promouvoir les filières agricoles prioritaires au sein de chaque Pôle de Développement Agricole (Pda). Elles agissent comme un relais entre le Fonds National de Développement Agricole (Fnda) et les acteurs locaux, facilitant l’identification et la réalisation de projets agricoles.
Au nombre de ses actions au profit du développement agricole, on peut citer entre autres, l’appui des producteurs dans les filières clés telles que le cajou, la mangue, les agrumes, le riz, le manioc et le maïs. La facilitation d’accès aux intrants agricoles, tels que les semences améliorées, les engrais, les biofertilisants et les biopesticides, pour améliorer la productivité agricole. Elles sont aussi dans l’offre des conseils agricoles et l’accompagnement technique aux producteurs, notamment dans l’élaboration de plans d’affaires et l’adoption de bonnes pratiques agricoles, l’amélioration de la transformation et la commercialisation des produits agricoles, le soutien à la modernisation des exploitations agricoles, y compris l’acquisition d’équipements et l’amélioration des pratiques agricoles. Enfin, elles contribuent à la formation des producteurs et des acteurs de la chaîne de valeur agricole, ainsi qu’au renforcement de leurs capacités.
Les Atda sont ainsi, des acteurs essentiels du développement agricole au Bénin, contribuant à la mise en œuvre de la politique gouvernementale, en particulier dans les filières agricoles prioritaires de leur zone d’intervention, favorisant l’augmentation de la production, l’amélioration de la qualité des produits et la création de valeur ajoutée.
La Société Nationale de Mécanisation Agricole
Au Bénin, la Société Nationale de Mécanisation Agricole (SoNaMA) œuvre pour la modernisation de l’agriculture en facilitant l’accès des producteurs aux équipements agricoles. Elle vise à introduire et à promouvoir l’utilisation de machines agricoles modernes afin d’améliorer la productivité et l’efficacité du travail des agriculteurs. Dans cette optique, la SoNaMA travaille à rendre les équipements agricoles accessibles aux producteurs, y compris par le biais de systèmes de financement adaptés. De plus, elle offre un accompagnement technique et des formations pour aider les agriculteurs à utiliser correctement les machines et à bien les entretenir.
Même si en la matière, de nombreux défis restent à relever, les exploits de la SoNaMA dans le paysage rural sont significatifs. Ces réalisations comprennent la mise à disposition des producteurs de plus de 2200 machines agricoles, dont des motoculteurs et des tracteurs. La formation de mécaniciens et la disponibilité de pièces de rechange, ainsi que le suivi efficace des équipements grâce à des capteurs et une digitalisation des opérations. La SoNaMA a également mis en place des programmes de formation, notamment pour les tractoristes, et a organisé des ateliers de démonstration pour sensibiliser les producteurs aux avantages de la mécanisation. En modernisant l’agriculture, la SoNaMA contribue à l’augmentation des rendements agricoles et à la sécurité alimentaire.
L’Agence Météo Bénin
En fournissant des informations et des prévisions météorologiques essentielles pour la planification et la gestion des activités agricoles, l’Agence Météo Bénin s’impose et devient un facteur essentiel dans le développement du secteur agricole. Ces informations aident les agriculteurs à prendre des décisions éclairées sur les périodes de semis, le choix des cultures et la gestion des risques liés au changement climatique.
Ces prévisions saisonnières notamment sur les dates de début et de fin des saisons de pluie, permettent aux agriculteurs d’adapter leurs calendriers agricoles. De plus l’agence Météo Bénin élabore des bulletins agro-météorologiques qui renseignent sur les cumuls pluviométriques, l’humidité du sol et l’évapotranspiration, des données cruciales pour la gestion de l’irrigation et des cultures. Elle fait également des alertes précoces sur les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations, permettant aux agriculteurs de prendre des mesures pour minimiser les pertes. Même si l’Agence Météo-Bénin n’est pas une institution purement agricole, en mettant à disposition des outils et des informations essentiels pour une agriculture béninoise plus performante et plus résiliente face aux défis climatiques, elle contribue au développement du secteur.
Diverses actions pour un seul but «Le développement agricole»
Ces diverses institutions même œuvrant de manière indépendante avec des approches non uniformes, se retrouvent autour d’un seul et même idéal qui l’émergence de l’agriculture béninoise. Les efforts louables et conjugués de ces acteurs clés ont conduit à l’amélioration considérable du secteur agricole. D’importants défis ont été relevés certes, dans la recherche, la formation, la mécanisation, la réorganisation des filières, la professionnalisation, la transformation, l’accès au financement, résilience climatique et bien d’autres, mais bien d’autres restent encore à relever, notamment dans le domaine de la production de viande, de poisson, de la transformation, de la conservation post récolte… Pour un secteur agricole plus compétitif, la continuité des actions de ces institutions dans un environnement plus structuré constituerait un atout majeur.
Moudachirou ALIOU