Lutte contre les changements climatiques au Bénin : Gouvernants et experts promeuvent de nouvelles stratégies

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L’agriculture est la principale source de revenus des populations au Bénin mais également garant de la sécurité alimentaire. Elle contribue de ce fait, le mieux au produit intérieur brut (PIB). Sujet aux changements climatiques, les gouvernants et experts se démêlent tant bien que mal pour restaurer un cadre d’adaptation au profit des producteurs.

Par Akotchayé Dassi

Les variations climatiques ont de quoi susciter l’inquiétude. Elles entraînent de faibles rendements en l’absence de pluie et des pertes de culture en cas d’inondation. En réalité, elles ont bouleversé les calendriers agricoles avec pour corollaire le glissement des saisons. Des pluies tardives de courtes ou de longues durées par endroit sont constatées. Tributaires des aléas climatiques, pour son agriculture au demeurant extensive, les rendements et les productions sur le continent sont aléatoires. Au bénin, le phénomène n’est pas nouveau. Les experts en la matière s’y investissent inlassablement. Ainsi le gouvernent béninois a inscrit dans son programme d’action le projet de renforcement de la résilience des moyens de subsistance ruraux et du système de gouvernance locale face aux risques climatiques et à la variabilité du climat au bénin lancé à Ouaké le 10 février 2018. A cela s’ajoutent beaucoup d’autres initiatives et ateliers sur l’agriculture béninoise face aux changements climatiques en vue de limiter les dégâts. Les nouvelles stratégies d’adaptation des agriculteurs « Les changements climatiques ont entraîné un changement radical dans les pratiques des producteurs » confie le professeur Mohamed Nasser Baco, directeur du laboratoire société environnement (lasen). Aujourd’hui, les stratégies d’adaptation aux changements climatiques connues par le passé sont presque désuètes. Elles sont remises en cause au profit de nouvelles stratégies développées. De l’adaptation des techniques culturales, passant par la culture extensive au développement de nouvelles activités, elles visent le renforcement de la productivité dans un contexte de dérèglement climatique croisant. Le retard des pluies et le changement dans les hauteurs d’eau reçues annuellement rythmé des poches de sécheresse dans certaines régions plus fréquentes, inondations, sécheresse, cyclones, gelées et les températures anormalement élevées ne laissent vraiment pas le choix aux producteurs. Et face à ces différentes évolutions qui modifient les conditions de production, le chaos s’installe progressivement dans le monde agricole et les agriculteurs, aux pieds du mur, adoptent de nouvelles stratégies. Les unes plus dangereuses que les autres. Au nombre des mesures palliatives aux changements climatiques, les agriculteurs mettent à disposition au prime abord leur savoir et leur expérience pour finir par adopter des méthodes exportées. « Face aux changements climatiques, les agriculteurs utilisent des stratégies endogènes et exogènes, apportées par des services de vulgarisation, des projets programmes, des acteurs externes » explique Mohamed Bako Nasser. Parlant des méthodes endogènes, elles ne nécessitent pas d’apport externe. Le producteur ne fera que la combinaison des éléments dont ils disposent pour s’adapter au changement. Cela interpelle bien son sens de la prévision mais pas seulement. Il tiendra compte également de la superficie dont il dispose. Au chapitre de ces adaptations, se dégage une modification dans le mode de préparation du sol où le brulis systématique a laissé place au brulis en tas. Le re-semis lorsque les poches de sècheresse sont trop longues. La forte association des cultures ou la production poly-culturale ou poly-variétale en d’autres termes figure au premier plan. « Ceci permet pour le producteur sur une superficie réduite d’intensifier sa production, de pouvoir tirer le maximum de rendement et de faire face au changement climatique. Sur une seule bute d’igname le producteur lutte contre les inondations, les sécheresses. Étant donné que sur la butte, il pourra récolter quelques choses. Que ce soit des années à bonnes pluviométries ou à faibles pluviométries il est certain de pouvoir tirer quelques choses de sa production » rassure l’expert agronome. Au volet des stratégies exogènes, la mécanisation et l’utilisation des produits phytosanitaires et engrais chimiques constitue un tremplin pour le producteur. Les variétés paysannes traditionnelles sont de plus en plus abandonnées pour des variétés améliorées. Selon Nasser Baco, les variétés sont sélectionnées en termes de résistances aux parasites, de productivité, de cycle et passent pour le bon samaritain du paysan. « Aujourd’hui, les producteurs utilisent des produits améliorés issus des centres de recherches où les sélectionneurs ont eu à sélectionner des matérielles qu’on peut appeler de bonnes qualités ». Mais la conséquence est évidente. Le producteur ne peut se passer de l’utilisation des fertilisants en optant pour ces variétés avec toutes les conséquences fâcheuses sur l’avenir de l’agriculture elle-même. Outils politico-institutionnels d’adaptions au changement climatique Le cadre légal béninois propose des dispositions pour contrer les changements climatiques. Au nombre de ces mesures, l’article 27 de la Constitution béninoise fait déjà de l’environnement durable un droit constitutionnel depuis 1990. La loi n°98-030-du 12 février 1999 portant loi-cadre sur l’environnement en République du Bénin définissant les objectifs nationaux de protection de l’environnement vient renforcer ce cadre législatif. Ainsi il a permis en 2000 la création du Fonds National de lutte contre la désertification (Fnld), qui sera transformé en 2003 en Fonds national pour l’environnement et le Climat (Fnec). Mais le gouvernement béninois ne s’arrêtera pas sur ces points dans sa stratégie delutte contre le fléau. Avec la création du Ministère de l’Environnement, de l’Habitat et de l’Urbanisme (Mehu) en 1992  l’un des premiers actes de la création du cadre institutionnel devant accompagner le cadre législatif existant s’annonce. D’autres institutions seront créées dans la foulée pour un meilleur renfort. Entre autres on note ; La Commission nationale de développement durable (Cndd), la direction générale de l’environnement, la direction générale des Forêts et ressources naturelles, l’agence béninoise pour l’environnement (Abe) ainsi que le Comité national sur les changements climatiques (Cncc). L’étude nationale des perspectives à long terme-Bénin 2025 est l’un des instruments les plus importants pour l’élaboration d’une politique de lutte contre le changement climatique.D’autres politiques s’y ajouteront dont la Déclaration de Politique Nationale d’aménagement du territoire (Deponat), le Plan d’action environnemental (Pae), le Programme d’Action National de Lutte contre la Désertification (Panld), la Stratégie Nationale de Mise en œuvre de la Convention de 2003, le Programme d’action national d’adaptation (Pana) du Bénin, etc. L’Etat Béninois a aussi ratifie à l’échelle internationale la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc) en juin 1994 et le Protocole de Kyoto en février 2002, celui de Paris en 2015… . Au-delà de ses dispositions juridiques et conventionnelles des actions pratiques sont également proposées par des experts en la matière. Il s’agit notamment des propositions relatives à l’utilisation raisonnées des pesticides chimique ; l’adoption de l’agriculture biologique ; le principe du pollueur-payeur ; l’élaboration d’une carte de vulnérabilité aux risques climatiques; la documentation et la capitalisation des connaissances, attitudes et pratiques populaires sur le climat qui peuvent permettre d’optimiser les stratégies de résilience face au Climat ; promouvoir l’agriculture intelligente face au climat et formation des communautés à la gestion des risques hydro-climatiques pour accroître leur résilience.

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