ETAT DU SOUS-SECTEUR AVICOLE AU BÉNIN : Entre valorisation et réorganisation d’une filière prometteuse

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L’aviculture est un secteur en plein essor en Afrique de l’Ouest. Au Bénin, grâce à l’accompagnement des autorités, on assiste à une renaissance de cette filière, qui continue de faire face toutefois à de nombreuses contraintes. Elles ont nom difficultés d’accès au crédit, la concurrence des importations et aux enjeux fonciers.

LES EFFORTS DU GOUVERNEMENT POUR SOUTENIR LA FILIÈRE

La politique gouvernementale actuelle a retenu l’aviculture parmi les filières prioritaires. À ce titre, des actions sont en cours en appui direct à la production locale de poulets. Depuis la décision du gouvernement datant du 1er Janvier 2024, portant interdiction d’importation des poulets sur toute l’étendue du territoire nationale, c’est une nouvelle ère de valorisation du secteur avicole qui s’annonce au Bénin. Cette initiative a été applaudie par les aviculteurs, qui y voient les prémices d’une révolution pour la filière.

Selon le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui, d’ici peu il n’y aura que des poulets locaux sur le marché béninois. « Au 31 décembre 2024, on va dire merde au poulet congelés importés ça ne viendra plus. Et nous allons désormais fêter avec nos propres poulets, nos pintades, nos canards. Ce que nous avons élevé nous même avec notre propre maïs» déclare t-il.

Alexis Adjalala aviculteur à Tchaourou croit à cette ambition du gouvernement comme du fer. Pour l’éleveur de 500 coquelets qui ambitionne de passer à 20.000 têtes de poulets d’ici peu, sur une superficie d’un hectare et demi, c’est les perspectives d’un nouveau marché qui s’annoncent. Et si aujourd’hui le poulet béninois ne s’achète que vivant, lui projecte déjà de développer toute une filière de transformation pour une rentabilité meilleure de son élevage.
« Nous allons vraiment créer une chaîne de production, c’est-à-dire la production agricole qui sera transformée pour les provendes. Ces provendes vont être intégrées dans la consommation des coquelets et les pondeuses. À cela s’ajoutera l’abattoir et la conservation dans les chambres froides pour pouvoir commercialiser auprès de la population. C’est toute une chaîne de haute valeur ajoutée qui va créer beaucoup d’emplois» ambitionne-t-il.

LA PRODUCTION AVICOLE AU BÉNIN EN CHIFFRES

La production de la volaille moderne a connu un accroissement de 15 % par rapport à 2022, mais elle est encore loin de combler les attentes. La quantité de viande de la volaille moderne produite est chiffrée à 1 835 tonnes en 2023 sur 9 859 tonnes de viande de volailles produites au total. Elle ne représente que 1,7 % de la production totale de viandes évaluée à 108 034 tonnes en 2023 contre 97 289 tonnes en 2022. La quantité de viande provenant de la volaille moderne croît timidement depuis 2020, après la chute de 1259 tonnes en 2018 à 604 tonnes en 2019. En revanche, la production des œufs de table de la volaille moderne est en hausse constante, passant de 15 120 tonnes en 2022 à 17 388 tonnes sur un total de 20 017 tonnes d’œufs produits en 2023. Dans un contexte où la production nationale de viande couvre en moyenne 42,2 % des besoins de consommation de 2017 à 2022, selon les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), il importe de redoubler d’ardeur pour éviter une pénurie qui entraînerait une flambée des prix des produits carnés.

DÉFIS ET COMPÉTITIVITÉ

Dans sa stratégie d’autosuffisance alimentaire Compact Bénin pour l’alimentation et l’agriculture (2023) épaulée par l’Union africaine, le Bénin compte atteindre en 2026 une production supplémentaire de 150 000 tonnes de viande, toutes espèces confondues. En ce qui concerne la filière avicole, une dynamique est lancée depuis 2007 suite aux deux grandes crises qui ont secoué le secteur en 2003 et 2006. Mais il reste à intensifier la transformation et l’amélioration de la rentabilité et de la compétitivité du secteur.

Pour l’Interprofession de l’aviculture du Bénin (Iab) et les autres acteurs, l’enjeu est d’accroître la production pour combler le déficit national et prendre une part des réexportations vers les pays de la sous-région, particulièrement le Nigeria, avec comme challenge d’augmenter également la quantité d’œufs produits. La bataille pour une inversion de la courbe d’importation des viandes congelées en faveur de la production nationale passe par le renforcement des capacités en termes d’amélioration de la qualité des ressources humaines, le développement de services économiques aux professionnels des différentes chaînes de valeur.

La promotion de l’entreprenariat avicole se précise à travers l’appui aux regroupements (coopératives, petites et moyennes entreprises), la mise en place d’un centre de services d’intérêts communs en vue de résoudre les problèmes de disponibilité en quantité et en qualité à prix raisonnables des matières premières et autres intrants et équipements et matériels avicoles et de distribution des produits avicoles. Outre l’accès aux financements adaptés à leur activité, l’accent devra être mis sur la mise à disposition des éleveurs des poussins d’un jour, des aliments pour poulet, pintade, dinde et autres, d’intrants vétérinaires (médicaments contre les épizooties) et l’offre de services zootechniques et vétérinaires de qualité à des prix abordables.

Moudachirou ALIOU / Contact : 95795555

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