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LES COOPÉRATIVES AGRICOLES AU BÉNIN : Piliers silencieux du dynamisme agricole

Alors que l’agriculture béninoise reste confrontée à des défis majeurs tels que l’accès limité au financement, la faible mécanisation, la dépendance aux aléas climatiques; une force collective s’est discrètement imposée dans le paysage rural : celle des coopératives agricoles. Ces structures, autrefois primaires, sont devenues aujourd’hui des piliers essentiels du développement agricole. Elles réorganisent la production, soutiennent la commercialisation, et professionnalisent les acteurs à la base.

La coopérative agricole dépasse la simple mise en commun de moyens. Elle constitue un espace d’organisation, de solidarité et de stratégie. Pour les petits producteurs souvent marginalisés par le marché, elle permet de mutualiser les ressources, d’accéder aux intrants, aux formations, au micro-crédit rural et à des débouchés stables. En cela, elle devient une réponse concrète aux vulnérabilités qui minent le secteur agricole. Dans les zones rurales béninoises, ces structures ont permis de briser l’isolement des exploitants, en instaurant une dynamique collective. La production n’est plus une affaire individuelle : elle devient concertée, structurée et orientée vers les exigences du marché.

L’impact des coopératives au Bénin est désormais visible à travers plusieurs exemples concrets. Parmi les plus emblématiques figure la Fédération Nationale des Producteurs d’Anacarde du Bénin (Fenapab). En regroupant les coopératives d’anacarde sur l’ensemble du territoire, elle a permis l’organisation des ventes groupées, la fixation de prix plus avantageux pour les producteurs, et la signature de contrats avec des partenaires internationaux. Résultat les producteurs reçoivent des ristournes substantielles, comme ce fut le cas dans le Borgou et l’Alibori en août 2024.

Autre acteur clé, la Fédération des Unions de Producteurs du Bénin (Fupro), qui regroupe plusieurs filières (coton, riz, maïs, etc.). Elle encadre des milliers de coopératives et joue un rôle fondamental dans la formation, la sensibilisation à l’agriculture durable, et la défense des intérêts des producteurs. Dans le Sud du pays, les coopératives maraîchères de Grand-Popo, Abomey-Calavi ou encore Sô-Ava pour ne citer que celles-ci se sont multipliées, donnant un nouveau souffle à l’agriculture vivrière. Elles facilitent la rotation des cultures, la distribution des semences améliorées, et l’écoulement des produits dans les marchés urbains.
Grâce à leur structuration, les coopératives deviennent aussi des plateformes d’innovation. C’est à travers elles que se déploient des projets de culture biologique, de transformation agroalimentaire ou d’adaptation aux changements climatiques. Les coopératives avicoles soutenues par le Padefip dans les départements du Zou, de l’Atlantique et de l’Ouémé ont permis de renforcer l’offre locale en volailles, réduisant la dépendance aux importations.

Les coopératives sont également devenues des interlocuteurs clés auprès de l’État et des partenaires techniques. Elles sont intégrées dans les dispositifs publics, notamment à travers les Agences Territoriales de Développement Agricole (Atda) qui les considèrent comme des relais stratégiques pour la mise en œuvre des politiques agricoles. Sur le plan politique, elles pèsent aujourd’hui dans les décisions : leurs fédérations siègent dans plusieurs cadres de concertation, portent la voix des producteurs et influencent les orientations agricoles nationales.
Toutes ces avancées montrent l’importance qu’à la mise en place de ces différentes coopératives agricoles qui malheureusement cache encore des fragilités à savoir, forte implication de l’état central, mauvaise gouvernance interne, conflits de leadership, dépendance excessive aux aides extérieures ou manque de formation en gestion coopérative. Il reste donc indispensable de renforcer les capacités de gestion, d’assurer la transparence dans les instances dirigeantes, et de favoriser l’autonomie financière.

Les coopératives agricoles se sont imposées comme des catalyseurs de l’essor agricole béninois. Elles ont redonné confiance et pouvoir d’action aux producteurs, en les sortant de l’isolement et en les réinsérant dans une dynamique de progrès collectif. Mieux soutenues, mieux encadrées, elles constituent une véritable force de transformation du monde rural. Investir dans leur renforcement, c’est parier sur un avenir agricole béninois plus équitable, plus productif et plus souverain.

Nadjahatou BAGUIRI

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