Bénin/Financement du développement agricole : Des milliards de l’illusion ? (Nécessité de réédition de compte)
Des milliards et encore des milliards ! L’Agriculture béninoise ne manque pas de financement ces dernières années et surtout ces derniers mois ou c’est en termes de milliards que les appuis tombent de partout. Dernier accord de financement en date, celui conclu avec l’Agence Française de Développement (AFD) pour un montant de plus de 19 milliards de Francs CFA. La convention a été signée cette semaine même entre le Ministre béninois de l’Economie et des Finances, Romuald WADAGNI et le Directeur Afrique de l’institution, Christian YOKA. Les fonds serviront à financer le Projet d’Appui au Développement et aux Investissements Agricoles Productifs au Bénin (PADIAP). Un projet dont l’objectif est l’aménagement des espaces agricoles et pastoraux, ainsi que l’encadrement technique des agriculteurs dans 16 communes du Bénin.
Ces milliards de l’AFD viennent s’ajouter à ceux octroyés par la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) pour le développement de la vallée de l’Ouémé ainsi que les autres milliards mobilisés récemment par le Gouvernement auprès de l’AFD et de la coopération Luxembourgeoise pour le Projet d’Appui à la Formation Agricole et Rurale (ProFAR)… La liste est longue.
Tout calcul bien fait c’est déjà plus de148 milliards F CFA qui sont décrochés pour le développement du secteur agricole rien qu’en l’espace de quelques mois. De quoi se réjouir n’est-ce pas ! Oui dans une certaine mesure puisque ces fonds vont peut-être permettre de booster l’agriculture béninoise tel que prôné par le régime de la rupture depuis 2016. Mais les dernières actualités invitent à la prudence et même à la méfiance, vu que tel un phénix, la corruption renaît de ses cendres. Les cadres béninois et même ceux importés au nom d’un « désert de compétences » au pays n’ont plus peur de la Cours de Répression des Infractions Economique et du Terrorisme (CRIET). On pourrait dire sans risque de se tromper que les loups sont entrés dans la bergerie de la rupture ou que les mauvaises habitudes chassées reviennent au galop, et ces milliards mobilisés pour le développement de l’agriculture constituent une importante manne capable d’attirer la convoitise des vautours à col blanc. Mieux, depuis l’arrivée au pouvoir du Président Patrice TALON et même bien avant lui, des milliards de FCFA sont régulièrement engloutis dans le secteur agricole sans que les résultats obtenus ne répondent véritablement aux attentes. La vallée de l’Ouémé est un exemple typique de ce constat mitigé sur notre agriculture. Depuis des années, des centaines de milliards ont été débloqués par l’exécutif béninois et bien d’autres institutions financières régionales et internationales pour cette vallée considérée comme la deuxième plus riche d’Afrique derrière le Nil en Egypte. Mais à l’heure du bilan, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs.
Le Fonds National de Développement Agricole (FNDA) mis en place par l’Etat est aussi un cas de référence dans l’échec des politiques de financement de l’agriculture chez nous sans citer bien d’autres projets financés à coût de milliards, mais qui n’ont jamais eu d’impact réel sur les filières concernées à la base. Ce n’est pas l’argent qui manque si tant. Le Bénin n’est pas sous-financé sur le plan agricole même si on peut demander encore plus. Il se pose tout simplement un problème de gestion de ces nombreux milliards. Mais tout n’est pas encore perdu si le Président Talon et son gouvernement le veulent bien.
Désormais, les milliards décaissés doivent faire l’objet d’un suivi rigoureux et régulier si tant est que nous voulons atteindre les résultats escomptés. Cela passe d’abord par le choix des ressources humaines pour conduire ces projets. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut avec les moyens nécessaires pour l’accomplissement de la mission et une gestion axée sur des résultats. Mais ce n’est pas tout. Il faut désormais une obligation de compte rendu aux bénéficiaires de ces projets, à la nation tout entière au nom de qui, des milliards sont octroyés sous forme de dons certes, mais aussi de prêts. C’est seulement à ce prix que ces fonds vont véritablement servir au développement de l’agriculture béninoise et non atterrir dans les poches des individus. L’Agriculture doit cesser d’être comme une caisse sans fond dans laquelle se jettent des milliards.
J. BOSSE Contact : 95795555