Cultivés dans toutes les régions tropicales du Bénin, dans un but alimentaire et commercial, ce tubercule riche en amidon très apprécié permet de réaliser de nombreux plats, dont l’igname pilée, le ragoût. Le reste de la production est souvent destiné à la transformation en cossettes, mais surtout à la vente. Les marchés locaux sont approvisionnés par un circuit court alors que l’approvisionnement des consommateurs de Bohicon et de Cotonou, est assuré par un circuit long, animé par de nombreux agents qui sont entre autres producteurs, collecteurs, transformateurs et détaillants. Parmi les nombreuses variétés d’ignames qui sont cultivées au Bénin, seulement cinq sont commercialisées. Il s’agit de Laboko, Ala, Gangni et Gnidou. C’est la cinquième variété, Kokoro, qui est conservée sous forme de cossettes la plupart du temps. Chaque variété a un système de commercialisation spécifique. La sensibilisation croissante des consommateurs aux bienfaits de l’igname pour la santé et sa place importante en matière d’alimentation augmentent la demande. Les ignames sont riches en nutriments et contiennent de la vitamine C, du magnésium, du potassium, du manganèse, du cuivre et des fibres.
La culture de l’igname se pratique avec succès dans les zones où la pluviométrie varie entre 1000 et 1800mm. Toutefois, il est possible de cultiver l’igname avec une pluviométrie de 6000mm mais le rendement restera faible. Au Bénin l’igname se développe bien avec un bon ensoleillement. C’est pourquoi le tuteurage augmente le rendement surtout sur les sols profonds, perméables et riches en humus. La zone la plus favorable au Bénin s’étend de la latitude de Bohicon jusqu’à la latitude de kandi.
Les rendements moyens d’un hectare d’igname sont de 10 tonnes, mais on peut obtenir des rendements qui peuvent aller jusqu’à 15, voire 20 tonnes par hectare, si on utilise de nouvelles variétés à haut rendement et si on respecte bien les itinérances techniques. Selon les chiffres de la campagne agricole 2021-2022 du ministère de l’agriculture de l’élevage et de la pêche, la production d’igname est d’environ 3 203 166 tonnes contre 3 150248 tonnes pour la campagne 2020-2021. Soit un accroissement de 1,7%. Ces cinq dernières campagnes agricoles, la production de cette spéculation a oscillé autour3 208506 tonnes en moyenne. C’est dire que sa production est restée assez constante dans le temps. Cette stagnation peut s’expliquer par l’émergence des cultures plus rémunératrices dans les zones de production de l’igname, notamment le soja. Néanmoins l’igname continue d’occuper une place importante dans le rang des produits vivriers et reste un aliment de base pour une bonne partie de la population béninoise. Les formes innovantes de circulation et de dissémination des variétés d’igname et les réseaux sociaux qui les sous-tendent contribuent à la préservation du capital variétal de l’igname. Le Bénin peut avec un peu d’investissement gagner une place plus grande dans le commerce de l’igname, qui peut constituer à l’instar du coton, du soja et du cajou un autre produit d’exportation, sous plusieurs formes.
Alfred PEMA (Stg) / Contact : 95795555