RARETÉ DES PLUIES DANS LE SEPTENTRION : La campagne agricole à rude épreuve

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Une grande poche de sécheresse dans la région septentrionale du Bénin, surtout dans le département du Borgou, depuis fin juillet. Ceci fait peser de graves menaces sur la campagne agricole dans cette partie du pays. Dans les champs, les cultures sont en souffrance. Les agriculteurs autant que les experts s’inquiètent au sujet des rendements attendus à la fin de la saison.

Des cultures de maïs, de sorgho, de soja, de haricots, d’arachide totalement dans le stress hydrique sur un sol visiblement sec… c’est la triste réalité que laisse derrière elle cette grande poche de sécheresse dans les champs. Dans le septentrion, le Borgou est particulièrement touché par cette réalité climatique dont les affres sont perceptibles.
De l’avis de bon nombre d’agriculteurs rapprochés, une poche de sécheresse de telle ampleur n’a jamais été vécue ces dernières années. «Je me rappelle que c’est vers le mois de septembre qu’on observe souvent de manque de pluie mais pas trop comme ça» confie Francis Justin N’koué, producteur dans la zone de Konkoma, Camp-Pionnier à Parakou.
Mais des voix les plus indiquées rassurent que ceci avait bel et bien été annoncé.
En effet, selon Didier Kakpa, directeur général de l’agence nationale de météorologie du Bénin interviewé par la radio Fraternité Fm de Parakou ce vendredi 16 août 2024, la pause pluviométrique qui dure un peu déjà, était prévue dans des prévisions précédemment publiées, notamment dans les localités du Sud et du Borgou. «Ces deux localités là au cours du mois d’août allaient faire l’expérience de cette pause pluviométrique», a-t-il indiqué avant de faire remarquer que dans les autres localités telles que Kérou et consort, il pleut sérieusement. À l’en croire, la zone de Parakou est un peu particulièrement touchée au cours de cette saison.
Ses explications sont appuyées par les producteurs sur le terrain. «L’année dernière, à partir de mi-juillet, on avait commencé par enregistrer les données pluviométriques jusqu’ à pratiquement fin août. On avait constaté qu’il y avait suffisamment de pluies. Mais cette année, tout est sec», affirme l’agronome Cyrille Gbédonou.
Le directeur départemental de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche du Borgou Damien Hounkpevi, ne dira pas le contraire : « Je peux dire qu’à la période du 10 août, comparée à celle de l’année passée, nous observons une baisse de pluviométrie de près de 186 mm. Celà montre vraiment qu’il y a eu de difficultés en terme de pluviométrie». Il dit aussi avoir fait le tour des communes et relève que le constat n’est pas reluisant, relève le Ddaep du Borgou qui reconnaît que si ça continue, cela peut avoir des conséquences négatives sur la campagne agricole en cours.

Des conséquences de cette poche de sécheresse, des agriculteurs, eux en craignent déjà. De l’avis de plusieurs d’entre eux, cette sécheresse soudaine met à mal plusieurs opérations culturales ainsi que la croissance de certaines cultures. « Les semis qu’on a fait ont pratiquement tous pourri, deux semaines après. Actuellement on n’a rien sur les parcelles», renseigne Cyrille Gbédonou. Cet agronome, superviseur des opérations d’essais sur le site d’expérimentation en agriculture de conservation de la SoNaMA au camp pionnier à Parakou se désole et détaille que certains paysans ont fait des semis qui n’ont pas pu germer. Lesquels semis sont remis en place de nouveau sans succès. Le découragement est donc perceptible dans le rang des agriculteurs qui ne mise maintenant que sur des semis tardifs.
Francis Justin, un producteur de céréales pense que les conséquences directes sont là. «Par exemple, les céréales ne vont pas porter tel que ça se devrait», affirme-t-il. Il ajoute ne pouvoir pas procéder à la récolte de son arachide à cause de cette sécheresse.

Comme lui, plusieurs producteurs sont unanimes sur une éventuelle baisse des rendements des productions. Toutefois , le directeur de météo Bénin sur radio Fraternité Fm rassure et tient à dissiper les craintes en faisant l’annonce d’un retour imminent des pluies. «Je voudrais rassurer la population qu’avant la fin du mois d’août, ils auront la pluie et ce qui est intéressant, c’est que selon les prévisions, on ira un peu au-delà de la date à laquelle nous avons l’habitude d’observer la fin de la saison; donc on ira jusqu’en octobre avant que la pluie ne prenne fin>>, souligne-t-il.
C’est pourquoi le Ddaep du Borgou demande aux producteurs d’être sereins. Pour lui, si les pluies continuent, il n’y aurait pas trop de problèmes.
Les producteurs eux, espèrent vivement la fin de cette poche de sécheresse, certainement pour la mise en place de productions à très court cycle.

L. Sébastien DOFFA

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