PRODUCTION MARAÎCHÈRE À PARAKOU : Entre difficultés et résilience

Dans un contexte de hausse de températures et de sécheresse, les maraîchers de Parakou font face à de nombreux défis pour maintenir leurs cultures en bon état. Eliezer Gandonou, maraîcher à Banikanni, un quartier de la ville partage son expérience et les solutions mises en œuvre pour s’adapter aux conditions climatiques difficiles.
Journaliste : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les maraîchers face aux températures élevées et au soleil ardent ?
Eliezer Gandonou : Le principal problème, c’est l’eau. Si on a suffisamment d’eau, on peut gérer le reste. Mais avec la chaleur, l’évaporation est rapide et le sol se dessèche vite. Cela impacte la croissance des plantes. Il y a aussi la difficulté d’accès aux engrais et aux composts qui permettent de maintenir le sol en bon état. Parfois, c’est le manque de courage qui nous freine. Quand on sait qu’on doit travailler dur sous le soleil sans être sûr de bien vendre, certains abandonnent.
Quelles techniques d’irrigation utilisez-vous pour optimiser l’eau et éviter le stress hydrique des plantes ?
On arrose matin et soir pour éviter que le soleil ne brûle les plantes. Ceux qui ont les moyens installent des systèmes de goutte-à-goutte, mais ce n’est pas accessible à tout le monde. L’idéal serait d’avoir des sources d’eau fiables et une bonne organisation de l’arrosage, mais cela demande des investissements que tous les maraîchers ne peuvent pas se permettre.
Le choix des variétés et des associations culturales peut-il aider à mieux résister aux conditions climatiques extrêmes ?
Oui, certaines variétés résistent mieux à la chaleur. Par exemple, il existe des types d’oignons qu’on peut conserver et entretenir jusqu’à la bonne saison. Mais il faut aussi diversifier les cultures pour ne pas dépendre d’une seule production. Ceux qui ont essayé de nouvelles variétés ont parfois de bons résultats, mais tout dépend de l’entretien et des moyens disponibles.
Quels types de paillage ou d’ombrage utilisez-vous pour protéger vos cultures ?
Beaucoup de maraîchers utilisent des feuilles sèches ou du compost pour couvrir le sol. Ça aide à maintenir l’humidité et à limiter l’impact du soleil. Certains mettent aussi des filets d’ombrage, mais ce n’est pas courant car ça coûte cher. Une autre technique consiste à mélanger du compost avec des déchets d’animaux pour enrichir le sol et mieux retenir l’eau.
Comment la fertilisation et l’amélioration du sol contribuent-elles à la résilience des cultures en période de sécheresse ?
Un sol bien entretenu garde mieux l’humidité. Ceux qui utilisent du compost ou des engrais bio voient leurs plantes mieux résister à la chaleur. Mais beaucoup de producteurs n’ont pas accès à ces intrants ou ne savent pas comment bien les utiliser. Pourtant, quand on enrichit bien le sol, même sous forte chaleur, les racines continuent de nourrir les plantes et elles survivent mieux.
Quelles innovations ou bonnes pratiques expérimentez-vous pour vous adapter durablement aux changements climatiques ?
Certains essaient de nouvelles variétés, d’autres améliorent leurs techniques d’irrigation ou de compostage. Mais au final, tout dépend des moyens. Si on pouvait avoir un bon suivi technique et un meilleur accès aux intrants beaucoup de maraîchers pourraient s’adapter plus facilement. Aujourd’hui, on fait comme on peut, en fonction de ce qu’on a sous la main.
L’adaptation au climat est avant tout une question de ressources. Si les maraîchers disposent de techniques et de connaissances, leur mise en œuvre reste souvent limitée par les moyens financiers et l’accès aux intrants.
Nadjahatou BAGUIRI