L’insécurité alimentaire de mise
Le gouvernement en mode thérapie
Le Bénin, à l’instar de presque tous les pays de l’Afrique de l’Ouest continue de subir de plein fouet la hausse des prix des denrées alimentaires. A cette situation, s’ajoutent les effets connexes de la crise ukrainienne ayant entraîné particulièrement une augmentation du prix des engrais qui constitue un facteur de hausse du prix des aliments produits localement. Malgré que la production céréalière est passée de 2.177.787 tonnes en 2019 à 2.203.105 tonnes en 2020, soit un accroissement de 1,2% au Bénin, le pays traverse actuellement l’un des moments sombres de son histoire avec pour principal embarras la hausse considérable du prix du Maïs.
Pour une Population de près de 14 millions de personnes dont plus de 7 millions vivent de l’agriculture, et pour qui le maïs constitue à la fois la céréale la plus importante en matière de culture et le principal aliment de base, avec une production estimée à plus de 1 million de tonne par an, il est clair que le maïs n’est pas seulement essentiel pour générer des revenus, mais pour nourrir toute une population. Le maïs sans ambiguïté, constitue aujourd’hui la principale culture vivrière du pays, et sur tout l’étendue du territoriale national, occupant ainsi une place de choix dans l’alimentation de la population et participe de ce fait à la sécurité alimentaire des béninois. Cependant, vue la forte demande, le maïs ne cesse d’augmenter du prix malgré l’augmentation de sa production chaque année.
Selon la direction de la statistique agricole, le campagne agricole 2021-2022 a enregistré une production nationale de maïs de 1,628,149 comparativement à la production 2019-2020 estimée à 1 580 750 tonnes soit un taux de croissance annuel de près de 2%.
Pour Osseni Issdeen, Conseiller agricole en service à Sinendé, la cherté du maïs constatée est normale, parce que, en un premier lieu, le maïs est le premier produit agricole localement consommé et transformé. A cela s’ajoutent l’instabilité sécuritaire menaçant certaines zones rurales où se pratique l’agriculture d’où la difficulté d’exercer la pratique agricole à cause de la présence des terroristes dans ses zones ainsi que la forte demande externe croissante à meilleur prix des pays voisins.Sur toute l’étendue du territoire national, la population vit actuellement un véritable calvaire en raison de la hausse du prix du maïs sur le marché. L’aliment le plus consommé au Bénin se vend aujourd’hui à un prix d’or.
« Le maïs devient très compliqué à trouver sur le marché. Non seulement qu’il est cher, il est également difficile à trouver.» confirme Odile kpekpassi, revendeuse de maïs au quartier Nima à parakou. A en croire la revendeuse, il y a de cela trois mois, elle achetait la bassine de maïs à 4000, voire 4500 F Cfa. Mais actuellement, la bassine est à 8500 soit pratiquement le double. Un tour au marché international Arzèkè de Parakou révèle que le sac de maïs 100 Kg est cédé à 32 mille F Cfa, mais avec les revendeuses celà pourrait passer à 34 mille. « A voir le prix actuel du maïs, d’ici deux mois on risque de vendre la bassine à 10 mille, et si on en trouve encore» déclare Odile kpekpassi.
La production du maïs a augmenté au titre de la campagne agricole 2023, comme les années précédentes mais avec un faible taux de rendement explique Osseni Issdeen. Comme facteur favorisant, l’inefficacité de l’engrais Ssp, suggéré par le gouvernement en remplacement du NPk indisponible sur le marché est pointé du doigt. Les paysans ne s’en cachent même pas. Ils dénoncent sans ambage cet engrais qui serait la cause du faible rendement de la production du maïs et de bien d’autres cultures…Cette crise de la hausse du prix du maïs et sa forte demande pourraient encourager les producteurs à augmenter la production dès la prochaine saison, mais Osseni Issdeen craint que se soit une chose impossible à cause du coût élevé des instants. Ceci constitue un véritable obstacle aux agriculteurs sans une subvention de l’État explique le spécialiste.
Il faut noter que les actions du gouvernement Béninois pour relever les défis liés à l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle pourraient contribuer à réguler un temps soit peu le prix du maïs. La mise en vigueur du Plan national d’investissements agricoles et de Sécurité alimentaire et nutritionnelle adopté en Conseil des ministres, le mercredi 3 Avril dernier pourrait véritablement y contribuer. Ce plan vise notamment à mettre en place des ressources additionnelles nécessaires à la mise en œuvre effective du Programme Action du Gouvernement (Pag), volet Agriculture et des mesures d’accompagnement, dans une stratégie de territorialisation du développement agricole et de décentralisation. Le Plan national d’Investissements agricoles et de Sécurité alimentaire et nutritionnelle 2022-2025 est accompagné d’un dispositif de suivi-évaluation impliquant tous les acteurs publics et privés. Ce dispositif vise à rendre compte périodiquement du niveau d’atteinte des objectifs et à opérer des ajustements si nécessaire pour maximiser l’impact sur la population. Dans ce programme de développement agricole, l’Etat apportera son soutien aux Exploitations Agricoles Familiales (Eaf) pour leur permettre d’aller vers une professionnalisation progressive. Il s’agira pour leurs organisations d’améliorer la fourniture des services économiques à leurs membres, notamment en termes de facilitation d’accès aux intrants de qualité (y compris les intrants biologiques), aux crédits et assurances agricoles et aux informations sur le marché. Ces appuis aux Exploitations Agricoles permettront de renforcer leur rôle central et essentiel pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle du Pays et renforcer la résilience des populations vulnérables.
Moudachirou ALIOU /Contact : 95795555