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PRODUCTION DE LA PRUNE ROUGE DANS LES DALLES ROCHEUSES DE L’ATACORA : Les clarifications du Dr Bienvenue Sourou Nawan Kuigua sur une espèce peu connue

La prune rouge est un fruitier dont les fruits sont très riches en nutriments mais peu connu de la population béninoise. Pourtant elle a d’énormes avantages aussi bien nutritionnels qu’économiques. Pour en savoir plus sur la culture, les défis et opportunités de la prune rouge au Bénin, nous sommes allés à la rencontre de Bienvenue Nawan Sourou, docteur en sciences et techniques Forestières et chercheur au Laboratoire d’Etudes et de Recherches Forestières de la Faculté d’Agronomie de l’Université de Parakou (UP). Bienvenue Nawan Sourou, un sachant du domaine nous éclaire sur la prune rouge.

Journaliste : Qu’est-ce que la prune rouge ?

Bienvenue Nawan Sourou : La prune rouge est le nom vulgaire d’une espèce végétale forestière, qui est un arbuste fruitier qu’on rencontre naturellement dans les savanes Guinéenne et Soudanaise africaines depuis la Côte d’Ivoire jusqu’au Soudan en passant par le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigéria, le Cameroun et le Tchad. Elle produit des fruits qui ressemblent au raisin, mais beaucoup plus gros et ayant une teinte rouge au vin. Le nom scientifique de l’espèce est Haematostaphis barteri appartenant à la Famille des Anacardiaceae.

La prune rouge est-elle populaire au Bénin ?

Non, la prune rouge n’est pas du tout populaire au Bénin en raison probablement de son aire de répartition géographique assez restreinte. L’étude que nous avions réalisée sur cette espèce a montré que la prune rouge est confinée au niveau des collines et dalles rocheuse de la chaîne de l’Atacora, plus précisément dans les communes de Natitingou, Boukoumbé et Tanguiéta où les fruits sont vendus dans les marchés pendant la saison (Mai, juin et juillet) pour consommation. C’est beaucoup plus les populations de l’Atacora et en particulier des trois communes qui connaissent le mieux l’espèce.

Existe-t-il plusieurs variétés de ce fruit ?

Les fruits de la prune rouge ont généralement une forme arrondie renfermant une pulpe (partie comestible) et un noyau possédant une coque assez dure (c’est une drupe). Ici, on ne parlera pas de variétés comme c’est le cas de certaines cultures annuelles. Cependant, les fruits de la prune rouge présentent une variabilité morphologique. On parlera donc de morphotypes et non de variétés. Par exemple, la caractérisation morphologique que nous avons réalisée sur l’espèce a permet de mettre en évidence quatre (04) morphotypes sur la base des variables morphométriques mesurées sur les fruits.

Quelles sont les valeurs nutritives de la prune rouge ?

Les fruits de la prune rouge sont des fruits comestibles qui présentent une valeur nutritive très élevée. L’analyse chimique de la pulpe (partie comestible) réalisée par d’autres chercheurs a permis de montrer qu’elle contient des glucides (45%), des matières grasses brutes (17,76%), des protéines brutes (21%), les acides gras (14%), les fibres brutes et les éléments minéraux. En plus de cela elle renferme aussi des sucres réducteurs, notamment le glucose, le fructose et le mannose sans oublier les vitamines tels que : les vitamines A, C et bien d’autres.

Comment cultiver la prune rouge ?

Comme nous l’avions dit à l’entame, la prune rouge est une espèce végétale forestière qui pousse à l’état naturel. Pour le moment l’espèce n’est pas encore cultivée. Ce qu’on peut dire c’est que certains agriculteurs épargnent les jeunes plantes qui poussent dans leurs exploitations agricoles et les maintiennent alors dans leur système d’agroforesterie. Elle n’est donc pas encore une espèce domestiquée où on peut produire et faire des plantations. Elle est essentiellement à l’état naturel et sauvage. Toutefois, la prune rouge peut être cultivée soit par voie sexuée (par graine) soit par voie végétative (bouturage, drageonnage) même si les résultats obtenus sont très peu concluants car les taux de germination des graines et d’enracinement des bouture demeurent très faibles.

Comment alors l’entretenir pour empêcher sa disparition ?

C’est une espèce qui est vraiment confinée dans une aire de répartition assez réduite, ce qui constitue une menace pour l’espèce. Les actions qu’on pourrait mener pour la préserver dans son milieu naturel passent nécessairement par la réduction de la pression anthropique sur l’espèce (abattage des pieds de l’espèce et collecte systématique des fruits etc…) et l’intégration de l’espèce dans les systèmes agroforestiers traditionnels. La conservation de l’espèce passera aussi par la maîtrise de sa sylviculture (techniques de production) en vue de la réalisation de plantation de la prune rouge hors de son milieu naturel. 

Quelles sont les difficultés que pourrait rencontrer la culture de la prune rouge ?

La principale difficulté est liée à la non maitrise des techniques de production de la plante ce qui constitue une difficulté majeure. En dehors de cela, les graines de l’espèce présentent une coque assez dure, presque imperméable à l’eau, ce qui fait que, même en présence de toutes les conditions favorables la graine narrive pas à germer (on parle de dormance physique). De plus, la disponibilité des semences pose problème dans la mesure où les populations locales récoltent systématiquement les fruits pour leur commercialisation.

Quelles sont les menaces qui pèsent sur la prune rouge ?

Parlant des menaces nous avons : les actions de l’Homme telles que, l’exploitation abusive de l’espèce. Par exemple les paysans récoltent systématiquement les fruits parce qu’ils sont commercialisés. Ce qui porte un coup à la dissémination de l’espèce dans la nature. En second lieu nous avons le déboisement massif de ces plants pour la fabrication du charbon de bois et pour le bois de chauffe. De plus, le mode de reproduction de l’espèce le plus courant en milieu naturel est la reproduction asexuée (rejets de souche et drageonnage), ce qui réduit considérablement sa diversité génétique et constitue ainsi une autre menace sur l’espèce.

Quelles sont les astuces pour rendre populaire la production de ce fruit ?

Pour rendre populaire la culture de la prune rouge, il faudra dans un premier temps faire la vulgarisation de ce fruit à travers une sensibilisation des populations. Surtout leur faire découvrir les bienfaits de cette espèce. Une fois quelles auront perçues l’importance socio-économique, c’est naturellement d’elles-mêmes quelles vont prendre les initiatives pour pouvoir produire la plante. Il faut également promouvoir les fruits de cette espèces parce que dans les localités concernées, elle est utilisée pour la fabrication des jus. Diversifier les produits de transformations tels que les purées, le sirop, le vin et en dautes sous- produits. Il faudra aussi que les chercheurs mettent en œuvres les techniques de production de la prune rouge et assurer leur vulgarisation auprès des populations locales.

    Euphrasie KOUDAKA (Stg)

Euphrasie KOUDAKA (Stg)

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