Le 17 février dernier, le Chef de l’Etat béninois a reçu en audience le Ministre d’Etat nigérien en charge de l’Agriculture et de l’Elevage au sujet de la transhumance frontalière. Au terme de cette rencontre, le Bénin autorise les pasteurs de ce pays voisin à entrer sur son territoire afin de nourrir leurs bétails.
Par Vivien ZANNOU
La transhumance frontalière est trop souvent réduite à une activité génératrice de conflits qu’on pense facilement régler en fermant les frontières. C’est ce qu’avait décidé le Bénin en fermant ses frontières avec ses voisins. Au regard du taux explosif de morbidité pastorale enregistré dans leur pays, les autorités nigériennes ont demandé aux frères béninois de bien vouloir autoriser leurs pasteurs à avoir accès au sol béninois pour la transhumance lors de la campagne 2020. Pour ce faire, le Ministre d’Etat, Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage du Niger Albadé ABOUBA accompagné d’une forte délégation reçue par le chef de l’Etat Patrice TALON était porteur d’un message du président du Niger. Face à cette requête formulée, le Gouvernement béninois a répondu favorablement au pays voisin. Une période de deux mois (à compter du 1er Mars au 30 Avril 2020) augmentée d’une marge de 10 jours est accordée aux pasteurs nigériens.
La facilitation de la mobilité transfrontalière avec des conditions d’accès apaisé aux ressources pastorales de la terre béninoise sont également créés. Toutefois, le bétail est limité à 50.000 têtes de bovins par éleveur. Les portes ouvertes pour l’entrée des pasteurs sont celles de GBANSE et KOMPA dans la commune de KARIMAMA d’une part et d’autre part, le pont de MALANVILLE dans la commune de MALANVILLE. Pour faciliter l’accueil des pasteurs et le suivi sanitaire des troupeaux, il est recommandé au Niger selon le rapport du Directeur de l’Elevage du Bénin, Yao AKPO « la transmission aux autorités béninoises de la liste officielle des éleveurs candidats à la transhumance ainsi que les effectifs de leurs troupeaux respectifs ; la délivrance au profit des transhumants attendus au Bénin des certificats internationaux de transhumance ». Les pasteurs doivent se munir des documents d’identité en cours de validité. Il ne s’agira donc pas d’une conduite des troupeaux par qui que ce soit. Elle doit être assurée par des bergers âgés d’au moins 18ans au minimum. Aussi, les animaux doivent être encadrés par un nombre suffisant de bouviers pour éviter des dommages sur les champs ou toutes autres activités des citoyens béninois (un berger pour 50 à 100 têtes de bétail). Ainsi, est-il formellement interdit aux bergers au cours de leur pâturage de détenir et de faire usage des armes de guerre et tous autres objets non permis. Ceci permettra d’éviter des affrontements violents et mortels entre pasteurs et riverains. Par ailleurs, au cours de leur séjour de transhumance, les pasteurs nigériens ne doivent pas dépasser la commune de TCHAOUROU au Nord-Bénin géographiquement. Cette facilitation du Bénin est un exemple à suivre dans l’espace CEDEAO pour la libre circulation des personnes et des biens.