Le neem, connu sous son nom scientifique Azadirachta indica, est un arbre médicinal emblématique des zones tropicales. Originaire de l’Inde, il est aujourd’hui largement implanté en Afrique de l’Ouest, notamment au Bénin, au Burkina-Faso, au Sénégal et au Nigéria, où il est apprécié pour ses multiples usages médicinaux, agricoles et environnementaux. Reconnaissable à ses feuilles composées, ses fruits ovales et son écorce brune, il s’impose comme un pilier des pharmacopées traditionnelles et de l’agroécologie moderne.
Le neem pousse naturellement dans les régions chaudes et arides. Il affectionne les sols pauvres, sableux ou argileux, bien drainés, et résiste à des températures élevées allant jusqu’à 50°C. Peu exigeant, il ne requiert ni irrigation ni fertilisation, ce qui en fait une espèce idéale pour les zones soumises à la sécheresse et à la désertification. La culture du neem se fait par semis direct ou repiquage de jeunes plants. Les graines fraîches, extraites de ses fruits mûrs, sont semées au début de la saison des pluies. L’arbre atteint généralement sa taille adulte (jusqu’à 15-20 mètres de hauteur) en 5 à 7 ans. Sa longévité peut dépasser les 100 ans. La récolte des feuilles, graines et écorces se fait selon les usages visés. Les feuilles sont séchées à l’ombre pour conserver leurs principes actifs, tout comme les graines servant à l’extraction de l’huile.
Bienfaits médicinaux et vertus traditionnelles
Arbre sacré dans la médecine ayurvédique, le neem est utilisé depuis des millénaires pour ses vertus thérapeutiques exceptionnelles. Toutes ses parties (feuilles, écorce, graines, racines) ont des propriétés médicinales. Détoxifiant naturel, il purifie le sang et renforce le foie.Antiseptique et antifongique, il traite les infections cutanées, les plaies, l’eczéma et l’acné.Vermifuge et antiparasitaire, il est couramment utilisé contre les vers intestinaux. Réducteur de fièvre et anti-inflammatoire, utile dans les cas de paludisme et de douleurs articulaires. Riche en antioxydants, flavonoïdes et composés amers, il stimule le système immunitaire et protège contre les maladies dégénératives. En bain de bouche ou en dentifrice, il renforce l’hygiène bucco-dentaire et combat les caries. Le neem est souvent consommé sous forme de décoction de feuilles, de poudre, ou d’huile (huile de neem), selon les besoins thérapeutiques.
Usages agricoles, cosmétiques et industriels
L’huile extraite des graines de neem est un insecticide naturel très efficace. Elle agit comme répulsif contre de nombreux ravageurs (pucerons, chenilles, mouches blanches) tout en étant respectueuse des pollinisateurs comme les abeilles. Elle est utilisée en agriculture biologique pour protéger les cultures, en remplacement des pesticides chimiques. Les résidus solides de pressage, appelés tourteaux de neem, sont utilisés comme engrais organique riche en azote et en minéraux, tout en contribuant à lutter contre les nématodes et autres parasites du sol.
Côté cosmétique, le neem est intégré dans la fabrication de savons, de shampoings, de lotions et de pommades pour traiter les affections cutanées. Il entre également dans la composition de crèmes anti-moustiques.
Rôle social et écologique
Le neem joue un rôle majeur dans les économies rurales. Sa transformation en produits médicinaux, cosmétiques ou agricoles offre des opportunités de revenus à de nombreuses coopératives, notamment féminines. En zone rurale, il est une source précieuse de santé naturelle, accessible même aux ménages les plus démunis. Sur le plan écologique, le neem est un excellent arbre de reboisement. Il lutte contre la désertification, améliore la fertilité des sols, et offre de l’ombre et de la fraîcheur dans les zones exposées. Il est souvent intégré dans les systèmes agroforestiers pour restaurer la biodiversité.
Malgré ses atouts incontestables, le neem demeure sous-exploité dans les politiques de santé et d’agriculture. La valorisation de ses dérivés (huiles, extraits, poudres) nécessite un appui à la transformation locale, à la certification des produits, et à la recherche scientifique pour mieux documenter ses bienfaits.
Arbre de résilience, le neem illustre la richesse des savoirs endogènes et l’ingéniosité des communautés rurales. À l’heure des défis climatiques et sanitaires, promouvoir le neem, c’est faire le choix d’un avenir durable et enraciné dans les ressources naturelles africaines.
Nadjahatou BAGUIRI
