VIOLENCES AGRO PASTORALES AU TCHAD : L’intervention du gouvernement, s’avère nécessaire pour mettre fin aux conflits

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Au Tchad, les violences agro-pastorales ont atteint un niveau sans précédent ces dernières années, renforçant la perception d’un clivage entre le nord et le sud du pays. Elu en mai dernier, le président Mahamat Déby devrait faire de la résolution de ces conflits une priorité parmi tant d’autres, afin d’éviter le pire.

Pendant la période de transition politique (avril 2021-mai 2024), les provinces du sud et du centre du Tchad ont été le théâtre d’une centaine de conflits entre populations sédentaires et certains groupes d’éleveurs. «Ces affrontements ont fait plus d’un millier de morts et plus de 2 000 blessés, aggravant l’insécurité alimentaire des régions touchées et renforçant la perception d’un clivage entre le nord et le sud du pays.» a annoncé International crisis group.
Il s’agit de conflits aux origines multiples qui s’intensifient et sont motivés par de fortes revendications identitaires de certains éleveurs qui utilisent désormais des armes de guerre. Sans réponses appropriées, ces fractures communautaires sont susceptibles de conduire les populations sédentaires à former des milices d’autodéfense, et à favoriser des divisions entre Tchadiens.
Selon les populations sédentaires du sud et du centre «Ces conflits résultent de l’augmentation du nombre de propriétaires de bétail issus du nord et protégés par le pouvoir central. Leurs griefs, renforcés par une élection présidentielle opaque et contestée en mai 2024, les amèneraient à se faire justice elles-mêmes» notifie crisis group international. En effet, au début de la transition, une grande partie des communautés du sud, qui représentent environ 60 pour cent de la population tchadienne, avaient espéré une alternance au sommet de l’Etat, dominé depuis les années 1980 par les élites du nord, notamment les groupes zaghawa (dont Déby, père et fils), gorane et arabes. Pour les populations du sud, ce changement à la tête de l’Etat devait permettre d’apporter plus d’autonomie régionale, voire de faire un premier pas vers le fédéralisme. Une occasion de mettre un terme à ce qu’une grande partie des populations du sud perçoit comme un accaparement clanique et népotique de l’appareil d’Etat. Cependant, les mesures prises par les autorités de transition ne sont pas allées dans ce sens. C’est pourquoi, il importe pour le nouveau pouvoir de prendre des décisions fermes aux fins de régler ces conflits qui agro-pastoraux qui risquent de se transformer en conflits claniques éthiques.
Le gouvernement Mahamat Déby Itno devrait faire de la résolution de ces conflits Agro pastoraux l’une des priorités de son mandat, en apportant à cette question une réponse sécuritaire et judiciaire impartiale qui va impliquer les populations affectées dans des efforts de médiation. Ceci pourrait rétablir la confiance des communautés envers l’Etat. Il devrait également mettre en place des mesures sécuritaires pour enrayer l’utilisation d’armes à feu et empêcher l’apparition de milices d’autodéfense, et soutenir des initiatives durables impliquant les populations affectées.

Moudachirou ALIOU

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