Souaibou Gambari au sujet de la campagne cotonnière 2019-2020 : « Notre objectif est d’atteindre 800.000 tonnes … »

0 1 397

Le gouvernement béninois a procédé le 14 août dernier au lancement de la campagne de commercialisation du coton graine au titre de l’année 2019-2020 à Banikoara dans le département de l’Alibori. L’objectif fixé par les différents acteurs est d’engranger 750.000 tonnes pour maintenir la position du pays sur l’échiquier des meilleurs producteurs en Afrique. Mais pour la Fédération Nationale des Coopératives villageoises des Producteurs de Coton du Borgou (Fn-Cvpc-Borgou), réaliser un record de 800.000 tonnes est envisageable et les dispositions sont déjà prises en amont. C’est en court ce que nous a confié Souaibou Gambari ; Secrétaire Exécutif de ladite fédération au détour d’un entretien.  Lisez plutôt…

Propos recueillis par Jacques D. BOSSE

La campagne de commercialisation du coton graine vient d’être officiellement lancée, la récolte du coton a déjà démarré depuis plusieurs semaines auparavant. En votre qualité de secrétaire exécutif de la Fn-Cvpc-Borgou, quel point vous pouvez nous faire de ces récoltes à la date d’aujourd’hui ?

Les préparatifs qui concernent avant et pendant la campagne de commercialisation, c’est d’abord la récolte du coton. Si le coton n’est pas récolté, on ne peut pas le mettre sur le marché et cette disposition là, ce sont des producteurs de coton eux-mêmes qui la prennent. A l’heure actuelle, je peux dire que dans chaque zone du Nord tout se passe bien. Dans l’Alibori spécialement, nous sommes déjà à un taux de 49 pour cent de récolte. Le taux de récolte dans la zone du Borgou se lève à moins de 30%.  Dans l’Atacora, nous avoisinons 32 pour cent notamment des les 2KP (Kouandé – Kèrou – Péhunco). Quelques perturbations climatiques notamment les pluies qui se sont installées au cours de la période de fin octobre ont perturbé un peu les récoltes sinon, nous serions à un taux global national au moins de 40 pour cent pour les récoltes.

A quand la fin de ces récoltes ?

Les récoltes, vous le savez, s’échelonnent sur une période de trois mois au moins. Donc il faut noter que les récoltes vont continuer jusqu’à fin décembre voire début janvier.

Après la récolte, il faut des dispositions sécuritaires. Est-ce qu’à ce niveau quelque chose est déjà faite pour protéger le coton graine mieux que par le passé ?

Après le lancement officiel de la campagne cotonnière, il faut des mesures sécuritaires. A notre niveau, les organisations des producteurs de coton prennent un certain nombre de mesures qu’il faut observer que ce soit dans les champs ou dans les aires où le coton est stocké. Nous avons déjà démarré des séances de sensibilisation pour rappeler aux producteurs les dispositions qu’ils doivent prendre à chaque niveau pour sécuriser notre coton. Ces mesures sécuritaires nous permettent d’éviter les incendies, la contamination du coton et sa sortie frauduleuse.  Voilà autant de mesures qui incombent aux organisations des producteurs de coton en même temps qu’aux producteurs individuellement.

En dehors des producteurs, qui sont les autres acteurs impliqués dans la campagne de commercialisation du coton ?

Au-dela des producteurs, l’autre maillon important dans la commercialisation du coton est constitué des transporteurs parce que sans eux on ne saurait évacuer le coton des champs vers les usines. Et nous les exhortons par ce canal à prendre aussi des dispositions en ce qui les concerne afin de mener à bien cette opération d’évacuation du coton. A leur niveau, il y a un certain nombre de dispositions qui sont prises. D’abord, ils entretiennent les camions en se conformant à la règlementation en la matière. Les égreneurs, représentent également un maillon très capital du dispositif et du mécanisme de la commercialisation. Ces derniers entretiennent également leurs machines, leurs installations ou leurs unités de production. Et selon les rapports que nous avons reçus, cela est déjà effectué à cent pour cent. Le rôle de la Fn-Cvpc dans ce dispositif, c’est que nous faisons des tournées de sensibilisations sur toute l’étendue du territoire national et surtout dans les zones de production pour sensibiliser les producteurs sur les techniques de récolte. Ces séances de sensibilisation permettent d’attirer l’attention des producteurs sur certains comportements indélicats. Car, il y a des producteurs indélicats qui mouillent volontairement leur coton. Certains le mélangent avec du sable ou avec de la boue. Ce qui constitue des actes de tricheries que nous réprimons. Il y a un certain nombre de normes pour enlever le coton d’une localité vers une usine.  A ce sujet, le respect de notre calendrier d’évacuation des récoltes devient indispensable.

Nous constatons à chaque campagne de commercialisation qu’un nombre important de camion se renversent sur le trajet qui les mène vers les usines en raison de la dégradation avancée des pistes. Qu’est-ce qui est fait cette année pour réduire ces cas d’accidents de camions qui malheureusement constituent une perte pour les acteurs de ce secteur ?

Les accidents de camions ! Mais est-ce que nous pouvons dire que cela relève de la responsabilité des producteurs ? Ce sont des actions de sensibilisation qu’il faut mener parce que lorsque le camion n’est pas en forme, il y a risque d’accident. Et lorsqu’il y a des chargements hors gabarit, il y a aussi risque d’accident. Donc c’est dans ce sens-là que nous sensibilisons les transporteurs à respecter les gabarits conformément à la capacité de leurs camions. Les pistes sont en cours de réhabilitation. C’est vrai l’opération n’a pas encore démarré mais nous sommes en train de faire des plaidoyers auprès de l’Etat pour que cette opération ait lieu dans un bref délai afin d’éviter des accidents lors de l’enlèvement du coton. C’est une opération qui va coûter des milliards de franc CFA et qui relève du rôle régalien de l’Etat central.

Pour cette campagne, l’Association Interprofessionnelle du Coton (Aic) table sur une production de 750.000 tonnes soit 50 de plus que le record de l’année dernière. Est-ce que les producteurs que vous êtes, vous rassurez le gouvernement par rapport à ces chiffres ?

Notre objectif en matière de tonnage national est estimé à 800.000 tonnes. Ça c’est l’estimation des producteurs. Et du point de vue technique, l’Aic au vue d’un certain nombre d’analyse technique estime la production à 750.000 tonnes. Mais pour nous producteurs, c’est-à-dire la Fn-Cvpc et ses démembrements, notre objectif pour le compte de cette récolte est d’atteindre 800.000 tonnes. Et pour atteindre cette performance, il faut qu’un certain nombre de conditions nous soient favorables. Et le premier facteur, c’est la pluie et cette année nous avons enregistré assez de perturbations pendant la période de semis. Pendant cette période nous avons enregistré des poches de sécheresse allant de 10 à 27 jours. Par zone Agroécologique, on a une période donnée de semis, si cette période-là passe, c’est que vous ne pouvez plus continuer les emblavures. Donc cette année, la zone septentrionale en a souffert surtout le Borgou. Dans la période de juin-juillet, on a manqué de pluies. Les pluies sont finalement venues et ce sont installées à partir de 08 juillet

A chaque campagne de commercialisation du coton, il se pose le problème de payement des producteurs et des transporteurs. Est-ce que pour cette saison des dispositions sont déjà prises pour satisfaire ces différents acteurs ?

A chaque début de la campagne, nous demandons des acomptes aux sociétés qui veulent acheter du coton, c’est-à-dire des usines ou des groupes qui veulent acheter du coton. Cette année nous avons trois groupes à savoir Bénin-Coton, Sodeco et puis Lcb. Ces groupes nous ont déjà versé les 42 à 45 pour cent de l’argent du coton que nous voulons leur livrer. C’est cet argent qui nous permet de faire les premiers payements des fonds coton. C’est dire donc qu’une fois le coton vendu, le producteur est sûr de rentrer en possession de ses fonds. Décade par décade, c’est-à-dire dix jours par dix jours, des mesures sont prises pour que le producteur qui a vendu son coton, après avoir épongé ses dettes puisse être payé parce que vous n’êtes pas sans savoir que les crédits que nous prenons constituent des dettes qu’il faut d’abord payer avant de recevoir ce qui reste. En ce qui concerne les transporteurs, de ma position de producteur, je ne saurai parler de leur payement. Ce sont les égreneurs qui peuvent répondre à leur préoccupation parce que, eux, ils ne sont pas des producteurs. Un message, monsieur le Secrétaire Exécutif, aux différents acteurs impliqués dans la campagne de cette année

Je voudrais exhorter les collègues producteurs de coton à faire preuve de beaucoup d’attention en respectant les mesures sécuritaires que nous les enseignons. Cela paraît banal mais c’est très indispensable. Il faut rigoureusement suivre ces mesures sécuritaires parce que le coton demeure la propriété du cotonculteur tant qu’il n’est pas allé à l’usine. Et encore à l’usine, il faut des mesures sécuritaires. De ce point de vue, il y a nécessité que nous prenions des précautions du champ jusqu’au niveau des usines. Il n’est pas question qu’on banalise les règles élémentaires parce que cela peut être fatal à la dernière minute.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.