La conservation des denrées alimentaires, notamment des céréales, repose sur deux grandes approches : les méthodes traditionnelles et l’utilisation de produits chimiques. Si la première est ancrée dans les pratiques ancestrales, la seconde, bien que plus efficace contre les insectes et autres nuisibles, représente un risque potentiel pour la santé des consommateurs en cas de mauvaise utilisation.
Une alerte lancée par Akasa Abdullahi Alassane, chef de division réglementation contrôle des végétaux et produits végétaux à la Dedaep du Borgou, met en lumière un problème crucial : l’intoxication alimentaire due à une gestion inadéquate des produits de conservation.
En effet, plusieurs facteurs sont à l’origine de ces intoxications, notamment le non-respect de la date de rémanence, la réutilisation abusive des produits chimiques et l’application aveugle d’intrants non homologués. Ces pratiques résultent souvent d’un manque de sensibilisation des producteurs, qui perçoivent l’usage d’un insecticide comme une garantie de protection, sans toujours tenir compte des doses requises et des délais à respecter avant consommation. À ce sujet, Alassane met en garde : « Tous les intrants ne sont pas conseillés pour la conservation des produits agricoles. C’est pourquoi nous invitons les producteurs à se rapprocher de nos services compétents pour avoir la liste des produits de conservation homologués au Bénin. »
Le problème ne se limite pas uniquement aux producteurs. Il touche l’ensemble de la chaîne alimentaire, des marchés locaux jusqu’aux consommateurs finaux. Une intoxication due à des résidus chimiques peut avoir des conséquences graves sur la santé, allant de troubles digestifs à des pathologies chroniques plus sévères. C’est pourquoi il est impératif que les autorités renforcent le contrôle et la sensibilisation sur l’usage des produits phytosanitaires dédiés à la conservation. Respecter les doses et la rémanence, une nécessité.
Une mauvaise application des produits chimiques expose à de graves risques. Selon Alassane, la quantité utilisée doit être rigoureusement respectée :« La quantité de produit varie en fonction de la quantité de céréales qu’on a. On ne met pas n’importe comment et on ne se lève pas pour mettre parce qu’un produit est insecticide. Il faut connaître le produit, la dose et aussi la rémanence. » Il insiste également sur l’importance de bien comprendre ces paramètres pour prévenir les intoxications : « Parce que si on connaît le produit, la dose et la rémanence, on sait, en cas d’intoxication, quel antidote utilisé. C’est pour ça qu’il ne faut pas s’attaquer à n’importe quel produit pour le traitement des denrées céréalières. »
Il faut noter que, si les intrants chimiques restent une solution efficace pour la conservation des céréales, leur utilisation doit être strictement encadrée. La sécurité alimentaire ne peut être garantie sans une gestion rigoureuse des produits de traitement. L’enjeu est de taille, il s’agit non seulement de préserver la qualité des denrées, mais aussi de protéger la santé des consommateurs béninois.
Nadjahatou BAGUIRI