PRODUCTION DE FRAISE AU BÉNIN : A la rencontre d’ un expert local
Bien que la fraise soit largement consommée dans plusieurs pays, elle reste peu populaire au Bénin. Pourtant, sa culture pourrait devenir une source de revenus et un atout nutritionnel pour la population locale. Pour en savoir plus sur les défis et les opportunités liés à la production de fraise dans au Bénin, nous avions rencontré Gérard Idakou, maraîcher et producteur de fraises. Il partage avec nous son expérience dans le domaine, son appréhension sur la culture, mais aussi les ressources nécessaires, ainsi que les moyens de sa popularisation.
Journaliste : Que pouvons-nous savoir sur la fraise tant que fruit ?
Gérard Idakou: La fraise est un petit fruit rouge, cultivé à partir de plantes herbacées du genre Fragaria, appartenant à la famille des Rosacées. Elle est un « faux-fruit », puisque ses véritables fruits sont les petits akènes qui se trouvent sur sa surface. Ce fruit est particulièrement apprécié pour son goût sucré et son apport en vitamines.
Quelles sont ses principales caractéristiques nutritives ?
La fraise est un fruit très hydratant, composé à 90,30 % d’eau. Elle contient aussi des fibres (3,80 g), des glucides (6,03 g) et est une excellente source de vitamine C (54 mg), ainsi que de vitamine B9 (98,90 µg). C’est un fruit non seulement délicieux, mais aussi bénéfique pour la santé.
Quels sont les différentes variétés de fraises connues et lesquelles conseillez-vous pour la culture ?
Il existe plusieurs variétés de fraises, parmi lesquelles on retrouve la Gariette, le remontant, la Ciflorette, la Charlotte, la Cigaline, la Laclery, la Joly, la Mara des Bois et la Maestro. Parmi celles-ci, les plus conseillées pour la culture sont la Mara des Bois et le remontant, car elles produisent des fruits sucrés et peuvent être récoltées plusieurs fois dans l’année.
Quelles sont les techniques culturales à maîtriser pour une culture de fraises rentable?
La culture de la fraise nécessite de maîtriser plusieurs techniques. Il est important de savoir quel type de sol convient pour l’implantation, comment effectuer le repiquage des plants, le paillage pour préserver l’humidité, et l’amendement du sol pour enrichir les plantes. Il faut également veiller à la protection biologique des cultures, car la fraise est un fruit destiné à la consommation directe. En résumé, il s’agit d’une culture qui nécessite une attention particulière à chaque étape, mais les techniques à adopter sont assez simples à comprendre une fois que l’on maîtrise les bases.
Quels moyens financiers et matériels sont nécessaires pour se lancer dans la culture de la fraise au Bénin ?
Pour démarrer la production de fraises, il faut disposer d’un terrain adapté, qu’il soit en plein sol ou hors-sol avec des substrats dans des pots. Il vous faut également des plants ou des boutures, des arrosoirs, des binettes pour entretenir les parcelles, ainsi que des matériaux organiques comme du fumier pour favoriser la croissance des fraises. Si vous voulez démarrer sur une petite superficie, un investissement de 2 à 2,5 millions de francs Cfa pourrait suffire. Cependant, si vous avez l’ambition d’étendre la production à plus grande échelle, cela pourrait atteindre jusqu’à 15 millions de francs Cfa. Les fraises sont un produit assez rentable, surtout si elles sont transformées en confitures, jus ou yaourts.
Est-ce que la culture de la fraise est populaire au Bénin ?
Non, malheureusement, la fraise n’est pas encore très populaire au Bénin. Beaucoup de gens ne connaissent pas ce fruit, surtout les personnes âgées. Ce sont surtout les jeunes qui connaissent la fraise, mais seulement à travers les médias. Par exemple, ils la voient à la télévision ou sur leurs téléphones mobiles. Les supermarchés locaux vendent parfois des fraises importées, mais elles sont rares et coûteuses. La fraise reste donc un fruit relativement méconnu et inaccessible pour une grande partie de la population béninoise.
Quelles sont les stratégies à adopter pour rendre la culture de la fraise plus populaire au Bénin ?
Pour rendre la fraise populaire, il est essentiel de faire davantage de promotion autour de ce fruit. Il faut encourager les jeunes producteurs à développer leurs champs et leur fournir un soutien financier pour agrandir leur production. Plus la production sera grande, plus il sera facile de rendre ce fruit accessible à tous. Il est aussi important de former de nouveaux producteurs et de les initier aux techniques de culture. Avec du financement et un soutien logistique, la fraise pourrait devenir une culture courante au Bénin, à l’instar des autres fruits. À long terme, on pourrait même réduire son prix de vente pour la rendre plus abordable.
Quel conseil donnerez-vous aux jeunes qui souhaitent se lancer dans la production de fraises ?
Je leur conseille de s’informer, d’apprendre des producteurs expérimentés et de ne pas se décourager. L’innovation et la persévérance sont cruciales.
Nadjahatou BAGUIRI
