DAMIEN HOUNKPEVI SUR LE RECENSEMENT NATIONAL DE L’AGRICULTURE : « Le Rna permet d’avoir une base de référence pour pouvoir juger le succès dans le secteur agricole »

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C’est historique! Après plusieurs tentatives sans succès, le Bénin est finalement parvenu à réaliser son Recensement national de l’agriculture. Démarré depuis 2016 et entièrement financé par le Gouvernement béninois à plus de trois milliards de francs cfa, le Rna a été présenté, mardi 25 janvier 2022. A travers une cérémonie présidée à Cotonou par le Ministre de l’agriculture de l’élevage et de la pêche la densité des données collectées a été dévoilée aux acteurs du secteur agricole, avec à la clé 6.506 millions de population agricole, soit 54, 8 pour cent des béninois. Mais que peut apporter le Rna à une agriculture béninoise en plein essor ces dernières années même si elle peine à se mécaniser ? Réponse dans cet entretien accordé à votre rédaction par Damien Hounkpevi, Directeur départemental de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche du Borgou.

Propos recueillis et transcrits par Jacques D. BOSSE

AGRI IMPACT : Le Bénin dispose désormais d’une base de données fiable sur le secteur agricole. D’entrée, dites-nous de quoi s’agit-il concrètement ?
Damien Hounkpevi : C’est le Recensement national de l’agriculture. C’est une vaste opération qui couvre l’ensemble du pays. Elle consiste à collecter, traiter et diffuser des données structurelles en thèmes quantitatif et qualitatif sur le secteur agricole.
Parlez-nous des opérations qui ont été menées au cours de ce recensement
Il faut dire que ce recensement couvre tous les sous-secteurs agricoles. Nous avons le sous-secteur de la production végétale, les sous-secteurs de la production animale, de la pêche aquatique ainsi que les sous-secteurs de la transformation et de la commercialisation. Il y a eu deux phases au cours de ce recensement. Nous avons eu d’abord la phase que nous appelons la phase de module de base et ensuite la phase de module complémentaire. Et il faut dire que nous avons terminé complètement avec le module de base et ce sont ces résultats que nous avons publiés.
En quoi ces résultats sont -ils utiles pour l’agriculture au Bénin ?
D’abord, ça permet d’avoir une base de référence pour pouvoir juger le succès dans le secteur agricole. Ça va permettre de diagnostiquer les obstacles dans le secteur agricole. Ça va permettre aussi de connaitre la production des statiques exhaustives pour l’établissement des priorités agricoles. Le Rna allègera une meilleure planification dans le domaine agricole, de suivre le progrès accompli vers la réalisation des objectifs de développement durable (Odd) dans l’agriculture et aussi de prendre en compte les préoccupations des acteurs du secteur agricole.
Finalement Directeur, peut-on conclure que c’est l’outil dont l’agriculture béninoise a besoin pour décoller ?
Oui ! Je vais vous donner un exemple. Dans le sous-secteur de l’élevage, les données que nous utilisons jusque-là sont des données de 1999 alors que nous sommes en 2022. Vous vous rendez-compte qu’il faut actualiser ces données. Donc si nous devons raisonner à partir de ces données, ce sont des raisonnements erronés. Nous ne pouvons pas prendre des décisions comme cela se doit, quand on va parler de décisions de développement à partir de ces données. Le recensement que nous avons réalisé nous a permis d’actualiser ces données qui vont permettre à notre pays de prendre des décisions qu’il faut.
En tant que patron de l’agriculture dans le département du Borgou, dites-nous quels sont les chiffres au terme de ce recensement sur votre territoire ?
En termes de résultats, quand on va parler de nombre de ménages agricoles dans le département, ça fait 89. 870. Si nous prenons l’âge moyen des actifs de ménages, ça donne 44 ans. Quand on va évoquer maintenant le nombre de ménages qui s’occupe de la production végétale, il s’élève à 89. 451. En ce qui concerne la production animale c’est-à-dire les éleveurs, ces derniers sont chiffrés à 58. 741 et quand on va parler de l’aquaculture, ça fait 40. Vous voyez que l’aquaculture n’est pas bien développée dans le Borgou.
Quand on tient compte du taux de chômage aujourd’hui au Bénin surtout dans le rang des jeunes, ne pensez-vous pas que l’agriculture peut aider à régler ce problème ?
Oui ! bien sûr. L’agriculture attend toujours d’autres personnes pour que le secteur se porte mieux. Mais nous, ce que nous voulons surtout dans l’agriculture, c’est qu’il faut que les jeunes puissent vraiment se spécialiser aussi dans le domine agricole. Que ce ne soit pas nécessairement des gens qui viennent dans le domaine agricole parce qu’ils n’ont rien à faire. Donc nous voulons vraiment que ce soit des gens qui ont une formation de base dans le domaine agricole et là ça va permettre vraiment de donner une grande pousse à notre agriculture.
Un message pour conclure cet entretien à l’endroit des populations du Borgou.
Je voudrais dire aux populations que le gouvernement est en train de faire beaucoup même si nous ne communiquons pas beaucoup. Le gouvernement agit dans l’ombre. L’autre chose sur laquelle je voudrais mettre l’accent est que ce recensement est entièrement financé par le budget national donc l’Exécutif met vraiment de gros moyens dans l’agriculture et nous pensons que ça va décoller. Ça a même déjà commencé donc que la population ait vraiment confiance au gouvernement et tout ira pour de mieux.

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