PRODUCTION DU SESAME: Des techniques culturales, des défis à la commercialisation…

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Le sésame est une plante oléagineuse cultivée principalement pour ses graines, qui sont riches en huile et en nutriments, et utilisées en alimentation et en cosmétique. Goule Abdoul-Azizou, expert en production biologique et rapporteur dans la Coopérative Communale des Producteurs de Sésame (Ccops) de Parakou, partage son expertise sur les étapes de la culture du sésame, les défis rencontrés par les producteurs et les solutions proposées pour améliorer la filière.

Journaliste : Pouvez-vous nous décrire les principales étapes de la production du sésame, de la plantation à la récolte ?

Abdoul-Azizou: La production du sésame commence par le défrichage des terres, idéalement des sols mis en jachère pendant 3 à 4 ans. Après le défrichage, le labour est effectué, suivi de semis en ligne. Il est recommandé de semer entre le 5 et le 20 septembre, période où les conditions climatiques sont favorables. Après 15 à 20 jours, un sarclage est effectué pour entretenir les cultures. Environ 30 à 35 jours après le semis, les plantes commencent à fleurir. La récolte intervient généralement deux mois après le semis, moment où les graines sont mûres.

Quels sont les principaux défis auxquels les producteurs de sésame sont confrontés ?

Les producteurs rencontrent plusieurs défis, notamment le manque d’assistance technique, l’absence d’outillage approprié et les attaques d’insectes. De plus, la culture du sésame nécessite des terres spécifiques, souvent laissées en jachère, ce qui limite la superficie cultivable. La récolte doit être effectuée dans un délai précis, généralement entre deux mois et deux mois et demi après le semis, ce qui peut être contraignant pour les producteurs.

Quelles solutions proposez-vous pour améliorer la filière du sésame ?

Il est essentiel d’accorder une attention particulière à la filière du sésame en fournissant une assistance technique adéquate, en mettant à disposition des outils appropriés et en facilitant l’accès aux marchés internationaux. La transformation locale du sésame en produits dérivés, tels que l’huile ou les biscuits, pourrait également ajouter de la valeur et stimuler l’économie locale.

Pouvez-vous nous parler des variétés de sésame cultivées et de leurs caractéristiques ?

Les principales variétés cultivées sont le Str42 et le Str46. Le Str42 est moins gros et de couleur bigarrée, tandis que le Str46 est plus gros et de couleur blanche. Le sésame noir, bien que plus recherché sur le marché international, est difficile à cultiver au Bénin en raison de conditions climatiques moins favorables.

Quels sont les produits dérivés du sésame disponibles sur le marché ?

Le sésame est transformé en huile, utilisée en cuisine et dans l’industrie cosmétique. Il est également incorporé dans des biscuits, des pâtisseries, des sauces et des confitures. Les graines de sésame sont également consommées directement ou utilisées comme garniture dans divers plats.

Comment fonctionne la commercialisation du sésame et quels sont les principaux marchés ?

La commercialisation du sésame repose en grande partie sur l’exportation. Les principaux acheteurs viennent de l’extérieur. Cependant, pour exporter, il faut une quantité importante. Les commerçants préfèrent acheter en gros, car expédier un seul conteneur revient trop cher à cause des taxes et des frais de transport.

Quel est le prix actuel du sésame ?

Actuellement, sur le marché international, le prix est d’environ 2 000 francs Cfa le kilo. À Cotonou, il est d’environ 1 200 francs Cfa. Un producteur qui parvient à cultiver une grande superficie peut donc faire un bon bénéfice.

Quelles solutions proposez-vous pour améliorer la commercialisation du sésame ?

D’abord, il faudrait que l’État et les autorités locales s’impliquent davantage en facilitant l’accès à des marchés internationaux plus stables. Ensuite, il serait crucial d’investir dans la transformation locale, en créant des usines pour produire de l’huile de sésame, des biscuits et d’autres dérivés. Cela permettrait d’augmenter la valeur ajoutée du sésame et de réduire notre dépendance aux exportations. Enfin, une meilleure organisation des producteurs en coopératives permettrait de stabiliser les prix et d’éviter les intermédiaires qui font baisser les revenus des agriculteurs.

Propos recueillis par Bonaventure Mawugnon ENOUMODJI (Stg)

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