LES FEMMES ET L’AGRICULTURE AU BÉNIN : Actrices clées de la production et de la transformation des produits agricoles mais peu connues

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Les femmes béninoises jouent un rôle important dans le secteur agricole. De la production à la transformation leurs apports au secteur ne sont plus à démontrer. À l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales célèbrée le 15 octobre 204, Sahadatou Atta Kakayatchi, récemment réélue présidente de la Fédération Nationale des Producteurs d’Anacarde du Bénin (Fenapab), nous éclaire sur l’implication des femmes dans la filière anacarde. Entre production et transformation, elle nous édifie sur leur contribution au développement de la filière et les critères requis pour l’adhésion à la FeNaPAB.

Journaliste : Vous êtes récemment réélue présidente de la Fédération Nationale des Producteurs d’Anacarde du Bénin. Parlez-nous un peu de votre parcours dans la filière anacarde.

Sahadatou Atta Kakayatchi : J’ai été élue une première fois déjà, avant l’avènement des réformes au sein de la filière. Cela a conduit à une réorganisation de notre structure. Nous avons des sections villageoises, des coopératives au niveau communal et, à l’échelle nationale, la Fédération dont je suis maintenant présidente pour cinq ans. J’ai commencé au niveau des coopératives villageoises avant d’être mandatée à l’échelon communal, puis national.

Comment les femmes participent-elles à la production agricole, en particulier dans la filière anacarde ?

Les femmes accompagnent souvent leur époux, frère ou père dans les champs. Elles sont présentes à toutes les étapes de la production : de l’abattage des arbres au défrichage, en passant par la distribution des piquets et des plants pour la mise en terre. Certaines femmes ont même leurs propres plantations et associent des cultures comme le soja ou l’arachide pour réduire les coûts d’entretien.

Quel rôle jouent les femmes dans la transformation des produits agricoles ?

La Fenapab a initié des formations pour encourager les femmes à transformer elles-mêmes leurs produits au lieu de les vendre brut. Plusieurs projets et programmes nous ont aidé dans cette initiative. Aujourd’hui, des femmes transforment les noix de cajou en amandes torréfiées et les pommes de cajou en jus, alcool, vinaigre et même whisky. Cela permet non seulement de valoriser les produits mais aussi d’améliorer les revenus des productrices.

Quelles sont les principales réalisations des femmes dans la chaîne de transformation de l’anacarde ?

Aujourd’hui des femmes se sont spécialisées dans la transformation du cajou sous différentes formes : nougat de cajou, chocolat de cajou, vinaigre, jus, et même rhum à base de pomme de cajou. Elles ont acquis des compétences qui leur permettent de diversifier leurs produits et de donner plus de valeur à ce qui était autrefois jeté, comme la pomme de cajou. Cela a un impact significatif sur les conditions de vie des producteurs et productrices.

Comment la collaboration entre producteurs et transformatrices se concrétise-t-elle ?

Nous avons mis en place une interprofession qui réunit producteurs et transformatrices de cajou. Cela permet une meilleure organisation et la valorisation de la chaîne de production. Nous évoluons ensemble, avec le soutien de différents ministères et projets. Cette collaboration renforce notre filière et nous permet d’améliorer les conditions de vie de nos membres.

Quelles sont les conditions d’accès pour les femmes qui souhaitent rejoindre la Fenapab ?

Toute femme productrice ou transformatrice de noix de cajou peut adhérer à la Fenapab. Pour les productrices, il est nécessaire de disposer d’au moins 0,25 hectares emblavés pour les femmes et 0,50 pour les hommes L’accès se fait d’abord à travers les coopératives villageoises. Une femme doit d’abord être membre d’une coopérative de son village, qui est elle-même rattachée à la structure communale. Une fois membre, elle bénéficie de formations, d’un accompagnement technique, et de l’accès à divers financements pour améliorer sa production et sa transformation. Nous encourageons toutes les femmes à s’impliquer activement car leur contribution est essentielle pour le développement de la filière.

Quel est votre objectif pour les années à venir en tant que présidente de la Fenapab ?

Mon objectif est de renforcer la place des femmes dans la filière anacarde, tant au niveau de la production que de la transformation. Nous voulons également continuer à diversifier les produits dérivés du cajou pour maximiser les revenus des producteurs. Enfin, je souhaite que nous puissions transformer toutes les pommes de cajou pour que les producteurs en bénéficient pleinement

Propos recueillis par Nadjahatou BAGUIRI

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