CONVOYAGE DU COTON VERS LES USINES D’ÉGRENAGE : Un labyrinthe à issue incertaine
- Du regroupement au convoyage en toute sécurité, un exploit pour l’Association Interprofessionnelle du Coton
De la production du coton à la récolte, s’ensuivent d’autres étapes très importantes dans le processus d’importation et de transformation au plan local.
Il s’agit du regroupement et du convoyage du coton vers les usines d’égrenage.
Après le confort c’est le réconfort dit-on, mais pour le cotonculteur béninois, après la production, c’est une autre période de vigilance et de veille couronnée d’incertitudes qui s’installe. Ceci est lié aux enjeux du transport de sa production du champ vers les marchés autogérés, de son convoyage vers les usines et du verdict du paiement. Au cours de ses étapes peuvent s’observer des pertes considérables voire totale de tout un ensemble pour une coopérative de producteurs lors du convoyage.
Ainsi pour les cotonculteurs, le convoyage n’est qu’un labyrinthe à issue incertaine où la vigilance est de mise. Il faut reconnaître que le phénomène est devenu rare, même si dans un passé récent, il constitue un acte qui terrorise les producteurs, ne sachant pas à quel saint se vouer pour protéger leur production. Aujourd’hui, grâce à une bonne structuration de l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC), il s’observe un climat de sécurité et de contrôle plus rigoureux et fiable au profit des cotonculteurs.
Comment le regroupement des marchés autogérés est-il organisé ?
Avant le convoyage du coton bruit vers les usines d’égrenage un rassemblement de la matière première entre les producteurs s’effectue par la coopérative. « Chaque cotonculteurs apporte son lot de coton à la coopérative, qui le pèse et en évalue la qualité. Le coton est ensuite regroupé pour constituer un stock suffisamment important avant d’être transporté vers les usines.» explique le cotonculteur Abdel Aziz Baparapé. En allant dans le même sens la conseillère agricole à Banikoara, Rachidatou Chabi André détaille : « L’acheminement du coton vers l’usine se fait de deux manières. Soit il est évacué directement, soit il est regroupé avant d’être transporté. Lors de la commercialisation, des marchés sont organisés où chaque producteur apporte sa récolte. Si un producteur a une quantité insuffisante pour remplir un camion, son coton est pesé et stocké avec d’autres lots jusqu’à atteindre un volume minimal de 8 à 10 tonnes avant l’expédition vers l’usine». Elle ajoute que «Le convoyage direct concerne les producteurs qui possèdent de grandes quantités de coton. Lorsqu’un producteur a, par exemple, 10 ou 15 tonnes, son coton est directement acheminé à l’usine, sans besoin de regroupement avec d’autres lots.»
Les pertes lors du convoyage
Une chose est de pouvoir faire le regroupement du coton sur les marchés autogérés, l’autre est d’assurer son déplacement en toute sécurité vers les usines d’égrenage. Un labyrinthe jonché de fraudes, de pertes et d’incendies. Les années antérieures, les cotonculteurs ont été confrontés à d’importantes pertes frauduleuses, des agissements conjugués désormais au passé avec la bonne structuration de l’Aic. Aujourd’hui, en dehors des incendies involontaires qui pourraient causer des pertes considérables lors de convoyage, on n’enregistre que des pertes mineurs gérées en accord avec les producteurs et responsables de coopérative. « C’est la coopérative, en accord avec les producteurs, qui se charge, après le stockage, de retirer une partie du coton, considérée comme une perte en cours de route. Autrement dit, lorsque le cotonculteur se présente à la balance et constate, par exemple, un poids de 10 kilogrammes, on enregistre seulement 8 kilogrammes. Nous, producteurs, savons que la quantité chargée ne sera pas exactement la même que celle retrouvée à destination, à cause des pertes inévitables durant le transport. C’est pourquoi cette réduction du poids est convenue à l’avance avec la coopérative », explique Abdel Aziz Baparapé, cotonculteur à Kouandé.
De son côté, Rachidatou Chabi André, conseillère agricole à Banikoara, précise : « Les pertes de coton, qu’il s’agisse de petits morceaux tombés en cours de route ou de pertes liées au transport, sont prises en compte dans le système de pesée. Elles sont généralement réparties entre les producteurs qui livrent de grandes quantités. Autrement dit, la coopérative applique une réduction de poids plus importante sur ceux qui ont de gros volumes, afin de compenser ces pertes globales».
Ainsi, du regroupement au convoyage vers les usines, on observe une sorte de réorganisation au sein de la filière coton qui promet et rassure les producteurs. Et si les efforts restent à consentir à ces deux étapes, les responsables du secteur ne restent pas les bras croisés.
La Rédaction