Brice Enagnon SOHOU sur le dérèglement climatique et la pluviométrie. « Malgré les recherches sur l’environnement, le changement climatique influence le rendement agricole au Bénin »

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Le docteur Brice Enagnon Sohou, géographe environnementaliste, spécialiste en gestion des catastrophes naturelles s’exprime sur la question du dérèglement climatique et ses conséquences observés ces derniers temps dans les pôles de développement n°4 et 6 au Bénin au titre de l’année 2019. Il propose ici des solutions pour obtenir un bon rendement après la production quelque serait le climat. 

Réalisation : 1er Jumeau Anicet David GNAHOUI

Dans l’une de vos publications vous aviez dit qu’il aura des dérèglements imposants dans la pluviométrie au titre de l’année 2019. De quoi s’agit-il concrètement ?

Dr : Cette année, nous sommes et nous serons sujettes à un rétrécissement du nombre de jours potentiels de pluie pour l’agriculture et ensuite nous sommes attendus à subir des pluies précoces. Et pour ce qui concerne le Programme d’Action du Gouvernement, nous avons deux pôles de développement qui seront les plus sensibles à ces menacés à savoir le pôle de développement agricole n°4 c’est-à-dire le Borgou sud, Donga, Colline et le pôle de développement agricole n°6. Lorsque vous prenez le pôle de développement agricole n°4 ; il y a la production du coton et des céréales or, il y a deux ans nous avons publié un livre où nous avons démontré qu’au Nord-Bénin, les céréales sont les plus sensibles aux dérèglements pluviométriques. Cette situation entrainera d’énormes préjudices sur la sécurité alimentaire des populations en raison de la baisse de rendement qui sera observé sur les productions de certaines céréales à savoir le maïs, le riz, le soja et l’arachide. Les tubercules tels que le manioc et l’igname et les palmerais et le maïs produit au niveau du pôle de développement n°6 selon le PAG, connaitront également une baisse de rendement.

Quelles sont les raisons qui soutiennent une t- elle baisse ?

La baisse du rendement que subiront les pôles de développement n°4 et n°6 au cours des saisons pluviométriques de l’année en cours peuvent s’expliquer par deux raisons. La première raison est que les paysans seront troublés et perturbés par rapport à la bonne période de semence donc il faudra une bonne sensibilisation et ensuite en pleine phase de croissance des cultures il faudra moins de pluies donc moins d’apport en eau pour les cultures or nous avons une agriculture pratiquement pluviale. La deuxième raison est qu’il y aura moins de denrées alimentaires d’où une hausse des prix des denrées alimentaires.

Quelles sont les déductions qui pourraient expliquer ce dérèglement dont vous parlez déjà ?

En fait depuis les années 70 nous avions déjà un dérèglement pluviométrique au Bénin. Et depuis quelques années avec le réchauffement climatique et le changement climatique en général, il faut une certaine quantité de pluies sur une certaine périodicité pour répondre aux besoins en eau pluviale des cultures, du fait qu’il y a ce dérèglement climatique global et que les pays d’Afrique du Sud du Sahel en général et les nôtre sont les plus sensibles à ce dérèglement climatique, il y a ce qu’on appelle un « stress hydrique et culture ». Les cultures auront donc moins d’eau, et cela va entrainer la « maturation précoces » des cultures et du coup, il faudra un dispositif pour répondre à ces démarches.

Comment mettre en place le dispositif ?

Premièrement, lorsque nous prenons le pôle de développement agricole n°6 où nous sommes en plein cœur du bassin de l’Ouémé, nous devons faire un « aménagement hydro-agricole » et ensuite des « aménagements agro-pastoraux » parce qu’on risque d’être confronté à d’énorme conflits agro-pastoraux entre les transhumants et les agriculteurs pour l’accès à l’eau. Il faudrait savoir que si nous prenons le pôle agricole n°6, nous avons la possibilité de faire la production contre saison. Il faudra donc une politique d’usage optimal de ces ressources en eau pour répondre aux besoins des populations, des cultures et le besoin en eau des transhumants.

Préconisez-vous pour l’ensemble de la population, notamment le monde paysan, les productions contre saison à cause des pluies qui seront précoces ?

Dans la Vallet du fleuve Ouémé où nous sommes dans le pôle de développement agricole n°6 déjà sensible aux menaces en cours, nous avons de l’eau en permanence. Nous pouvons produire et reproduire en temps réel. Il faudra simplement inciter la production contre saison. Il suffit de mettre en place un aménagement hydro agricole c’est-à-dire qu’il faut créer et aménager des rétentions d’eau à l’avance pour qu’au moment opportun ceci permette de faire ce que l’on appelle « l’irrigation des cultures ».

Au niveau du pôle de développement agricole n°4 regroupant Nikki, Djougou, Bassila en passant par Parakou et Tchaourou jusqu’à Djidja, il faudra que le gouvernement et les entrepreneurs agricoles aménagent des rétentions en eau pour pourvoir à l’irrigation des cultures. Ceci est indispensable parce que quelque soit la semence à utiliser, la coupure des pluies interviendra  en plein temps de croissance des cultures et entrainera le stress de culture, donc la perte de production agricole. Il faudra alors mettre en place ce qu’on appelle « communication en situation de crise ».

Dites-nous Docteur ce qu’il ya lieu de faire face à la question de la sécurité alimentaire ?

Pour ce qui concerne la situation alimentaire, il faudra dès maintenant que l’Etat lui-même en tant qu’autorité administrative identifie les groupes cibles pour réduire l’exportation des denrées alimentaires et les conserver et savoir les stocker afin de les mettre à la disposition des populations en temps opportun.  Il faut également inciter les producteurs à la culture des produits vivriers notamment des céréales qui seront les plus sensibles à ce dérèglement climatique selon nos recherches.

Quel est votre message à l’endroit des acteurs qui nous lisent ?

Nous devons encourager le Gouvernement à mettre en place un dispositif de suivi du climat, de la météo durant cette année pour pouvoir répondre aux besoins en eau des cultures parce que nous avons une agriculture purement pluviale et pour une bonne production agricole il va falloir ce qu’on appelle la ressource pluie. Aussi faut-il  suivre les terres agricoles et identifier les menaces réelles.

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