Production agricole à Savalou : Le manioc en voie de disparition

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Bien qu’il soit classé parmi les aliments de base et consommé en complément du maïs, plus particulièrement dans le Centre et le Sud du Bénin, le manioc et sa filière n’ont de cesse de provoquer des controverses. Sa valorisation traine et les producteurs préfèrent se tourner vers d’autres filières porteuses de revenus.

Par Daouda BONI

Au Bénin, le manioc est consommé par la majorité de la population, plus particulièrement dans le Centre et le Sud en complément du maïs et au Nord en complément d’igname, du mil et du sorgho. Accessible à tous, ce glucide est devenu au fil du temps un aliment de base dont la consommation s’accroît. C’est l’aliment de base des pauvres et parfois exotique des ménages de riches respectivement dans les milieux ruraux et urbains. Mieux, le tubercule de manioc représente une réserve d’autoconsommation pour le paysan parce que sa conservation dans le sol peut durer plusieurs mois. A Savalou, la filière manioc a connu des jours heureux par le passé. En tant qu’aliment de base, les populations du département des Collines en général s’y adonnaient avec passion pour non seulement leur consommation alimentaire mais aussi pour la commercialisation des nombreux produits issus de sa transformation. Le manioc à Savalou peut être bouilli, pilé, grillé ou à partir de la farine de cossettes, l’on peut préparer de la pâte noire selon la variété.

Les produits dérivés

Le manioc est également un produit de forte transformation dans la région : le gari, le tapioca et le pain pour la consommation et la commercialisation. Mais aujourd’hui, la culture du manioc dans cette région du Bénin connaît une baisse jamais égalée en raison de la baisse de la demande. Le marché d’écoulement ne s’est pas diversifié suivant l’offre qui était en progression. Estimée à plus de quatre-vingt mille hectares de superficies emblavées dans un passé récent pour sa culture dans les Collines, la production du manioc n’a de cesse de décroitre selon Akodohou Félicien, Secrétaire Général de CVPC de Ouèssè-Savalou. « Autrefois, le manioc était produit en grande quantité à Savalou. La production du manioc avoisinait 800 000 hectares par saison mais aujourd’hui, les populations commencent par abandonner cette filière ». A l’en croire, l’insuffisance des marchés d’écoulement des produits du manioc (gari, tapioca, cossettes…) est un indicateur qui explique ce phénomène. « Avant, le sac de gari était vendu à 40.000f CFA voire plus, mais actuellement le sac est au plus vendu à 10.000f »; regrette monsieur Akodohou en précisant qu’au-delà des besoins alimentaires, le retour sur investissement fait partie des attentes du producteur. Hier productrices de manioc, les populations de Savalou abandonnent désormais cette filière pour se tourner vers le coton. Pour elles, la technique, le savoir-faire et la variété existent déjà pour cultiver le manioc mais tant que cette culture n’apportera pas de l’argent au producteur, il serait inutile de leur demander de s’investir davantage dans sa production : « Nous sommes obligés d’aller vers le coton» dira monsieur Akodohou. Une filière dont l’avenir n’est pas assuré, du fait de l’absence d’organisation, décroit et chute. C’est pourquoi, il urge que les projets de développement de l’agriculture intègrent cette logique paysanne, en cherchant à sécuriser les revenus du producteur par un système de prix stable, suffisamment rémunérateur, régulé suivant une amélioration progressive et planifiée.

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