Le maraîchage est l’une des activités génératrices de revenus des populations du Bénin. Grâce aux nombreux bas-fonds et vallées qui meublent l’enseemble du territoire national, les exploitants sont à même de fournir aux consommateurs des fruits et légumes. Mais, au-dela des décisions politiques de valorisation de cette filière, c’est la persistance d’un maraîchage traditionnel qui ne profite pas d’une bonne attention des autorités qu’on retient.
Par Daouda BONI
Les potentialités naturelles des sols du Bénin sont un grand réservoir valorisable pour la promotion de la diversité agricole. Les vallées irrigables et les bas-fonds peu exploités dans les départements, les périmètres maraîchers aménagés en l’occurrence les barrages, les retenus d’eau et les forages réalisés constituent de part et d’autre un tremplin d’auto-emplois. A cela s’ajoutent des initiatives privées en matière d’exploitation des eaux souterraines par des techniques simples mais performantes, l’extention progressive d’utilisation des matériels de pompage à l’ensemble des départements et la représention de fissures grainières. Mais au-delà des mesures politiques entreprises pour donner un coup d’accélerateur à la promotion de la filière maraîchère au Bénin, diverses contraintes s’imposent à son véritable décollage.
De nombreuses contraintes à surmonter
Les bas-fonds et les vallées qui arrosent le Bénin offrent de vastes potentiels valorisables pour la production maraîchère. Mais la faible performance des variétés disponibles, la non valorisation des potentialités pour le développement des cultures de contre-saison ne sont pas l’unique handicap qu’il urge de repanser pour donner un nouveau visage à ce secteur. Non seulement les producteurs sont contraints à un maraîchage quasi-traditionnel sans intrants et semences certifiés mais également l’encadrement est presque inexistant. Pour rentabiliser leurs planches et les mettre à l’abri des ravageurs, un recours aux produits chimiques tout venant devient le propre des producteurs qui toutefois dénoncent un faible écoulement des récoltes et l’inexistence d’une véritable politique de transformation.
Quand la fermeture des frontières nigérianes fait courir…
Il a fallu que le Nigéria dise niette à la contrebande pour voir les acteurs du secteur agricole faire le tour des maraîchers béninois. Pour eux, il faut nécessairement trouver des alternatives à cette situation sociéconomique à travers la valorisation de l’activité maraîchère. Les ministres de l’Agriculture et de l’économie misent sur la transformation de l’ananas et des tubercules, la conquête de nouveaux marchés, le financement des deux filières et la réorganisation des acteurs en coopératives. Selon eux, la priorité sera désormais accordée à la production d’ananas répondant aux normes des marchés internationaux afin que la production nationale y soit exportée en même temps que sur les marchés sahéliens et autres. Au détour d’une sortie médiatique le 18 Septembre dernier chez les producteurs d’ananas d’Allada et de tubercules de Glazoué, les ministres Cossi Gaston Dossouhouien et Shadya Alimatou Assouma ont rassuré les acteurs des deux filières sur les dispositions que l’Etat prend pour régler la crise avec son grand voisin de l’Est. Mais avant cette rencontre, les deux ministres ont tenu des séances avec les maraichers des départements du Mono et de l’Ouémé respectivement dans les communes de Sèmè Podji et de Grand Popo. D’une part, il s’est agi d’aller constater les impacts de la fermeture des frontières nigérianes et d’autres part de réfléchir sur les éventuelles solutions pour limiter les dégâts avec pour point de mire, la recherche d’autres marchés, trouver d’autres solutions de conservation et mettre en place des unités locales de transformation. Les exploitants des bas-fonds dénoncent l’abandon à Parakou
Le troisième Arrondissement de la ville de Parakou regorge de basfonds propices aux activités maraîchères. Du quartier Arafat à celui de Titirou en passant par Madjatom dans le quartier Bannikani, trois sites étalés s’étendent sur plusieurs hectares et exploités en toutes saisons par de jeunes gens qui s’y affairent inlassablement. C’est l’exemple de Mohamed, jeune homme de la trentaine rencontré sur le site d’Arafat. Il souffre d’un handicap physique et éprouve des peines pour se déplacer d’un point à un autre. Malgré son outillage archaïque composé d’une houe, d’un coupe-coupe et d’un arrosoir, il progresse tant bien que mal dans son activité. Interrogé sur sa débrouillardise, il avoue ne bénéficier d’aucune aide des autorités. Néanmoins, il se nourrit et pourvoit pleinement aux besoins de sa famille à partir de cette activité en dépit des difficultés liées à la production. Durant les sept dernières années, il ne fait que du maraichage : « Dès que je me suis installé dans ce quartier, j’ai remarqué que l’espace était carrément délaissé et herbeux. Je me suis donc renseigné pour prendre contact avec le propriétaire terrien. Mais difficilement, il m’a permi son exploitation. Au début, j’étais seul».
Difficile obtention des intrants et semences de qualité
Si plusieurs difficultés subsistent sur l’ensemble des sites visités dans le cadre de ce reportage, il faut souligner que la principale est surtout relative à l’acquisition des intrants et des semences de qualité. L’encadrement des producteurs sur l’observation des règles d’hygiène dans leur activité est inexistant. D’ailleurs, un arrêt sur le site de Madjatom renseigne sur les conditions de travail en ce lieu. De loin on y observe des enfants, des femmes et des hommes départ et d’autre affairés. Arrosoirs en mains, ils vont et viennent en ligne droite. Soulé accompagné de sa femme et de leur enfant de sept ans est présent ce lundi matin de fin septembre exploitant avec foi son bas-fond. Ici, la concentration est totale. Le temps n’est pas au bavardage du marché international Arzèkè de Parakou. Difficile même pour eux de répondre aux salamalecs à eux adressés. Quand nous insistons, ils finissent par répondre mais toujours courbés. Mais plus tard notre détermination journalistique paye. L’exploitant en chef nous explique qu’à son niveau le problème d’espace ne se pose pas. Cependant, il n’a pas accès aux intrants et semences de qualité. Soulé déplore en général l’abandon dont les maraichers de Parakou sont victimes bien qu’ils alimentent à eux seuls une bonne frange de la population : « c’est ici que nous produisons les carottes, fruits et salades que vous achetez au marché et consommez dans vos maisons » lance-t-il avec rage.