Union régionale des producteurs du Borgou et de l’Alibori : Une structure faîtière au service du secteur vivrier

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Depuis le 22 janvier 2007, les producteurs du Borgou et de l’Alibori bénéficient d’une structure faîtière à caractère coopératif. Il s’agit bien de l’Union régionale des producteurs (Urp) dont le siège social est basé à Parakou. Structure de coordination des organisations paysanes des quatorzes communes des deux départements, l’Urp/Borgou-Alibori s’occupe du secteur vivrier. Après une décennie d’intenses activités, beaucoup de progrès sont cumulés mais à côté, ce secteur attend encore mieux des décideurs politiques pour une véritable réorganisation à l’intar du secteur cotonnier.

Par Daouda BONI

L’Union régionale des producteurs du Borgou et de l’Alibori a principalement trois objectifs globaux autour desquels se focalise son fonctionnement. Rendre d’abord accessible les facteurs de production notamment le financement, les intrants, les équipements et les infrastructures de stockage et d’aménagements. Ensuite œuvrer au renforcement organisationnel des filières porteuses autres que le coton. Sur cette base, l’Urp appuie les unions communales qu’elle dirige à la poursuite de la structuration par filière des organisations paysannes de base en vue de leur intégration aux instances faîtières. Ainsi forme-t-elle les Ucp au meilleur accès des marchés en veillant à l’organisation des ventes groupées et du warrantage au niveau des communes. Pour une gestion rationnelle des ressources naturelles, l’Union régionale des producteurs organise des activités de reboisement et des ateliers de formation sur les changements climatiques au profit des producteurs et les membres des comités de gestion des conflits liés à la transhumance.

Etat des lieux et fonctionnement

Structure faîtière de base à caractère coopératif dont la création remonte en janvier 2007, l’Union   régionale des producteurs du Borgou et de l’Alibori est dotée de plusieurs organes répartis au sein des 14 communes de la région. Une Assemblée générale (Ag), un Conseil d’Administration (Ca) et un Comité de Contrôle (Cc) sont ces organes de gestion. Au sein des communes, l’Union a aussi des démembrements dont l’Union communale des producteurs (Ucp). En vue de donner une compétence à l’Union, les conseillers techniques tels que le coordonnateur des activités de l’Union, le conseiller technique en renforcement de capacité des producteurs, un conseiller technique pour la promotion des filières d’une part, et, un conseiller technique chargé du suivi et évaluation, un conseiller chargé de l’administration des ressources et bien d’autres conseillers techniques et personnel administratif sont recrutés pour l’atteinte des objectifs de l’Union. Au sein des communes, un personnel technique ayant à leur tête un conseiller technique en développement organisationnel (Ctto) accompagne également les producteurs. Dès lors et pour une gestion efficace et efficiente des affaires, les tâches y sont reparties. Les assemblées générales qui se tiennent deux fois par an sont suivies des conseils d’administration dont deux séances par trimestre afin de statuer sur les décisions issues de l’Assemblée générale. Le Comité de contrôle à son tour veille à la mise en application des différentes décisions. Pour l’élaboration des plans d’actions, l’équipe technique travaille en élus locaux pour une planification des tâches à mener au bout d’un quinquennat. De ce plan quinquennal, les activités annuelles sont dégagées en fonction des besoins des producteurs.

De l’encadrement des producteurs à l’acquisition en intrants agricoles

Bien que l’activité agricole soit le propre des producteurs, il n’en demeure pas moins de constater que celle-ci est dotée de plusieurs facettes dont ces producteurs à eux seuls ne détiennent pas toute la science infuse. L’appui à ces derniers en vue d’établir un équilibre entre la qualité et la quantité de la production, la maîtrise des aléas climatiques et le respect des normes environnementales demeure une préoccupation de l’Union régionale des producteurs du Borgou et de l’Alibori. Ayant à sa charge 639 coopératives dont 180 coopératives féminines, l’Union encadre 138 producteurs du maïs, 75 producteurs du riz, 213 producteurs du soja, 85 maraîchers et 128 transformateurs. Ces producteurs bénéficient du renforcement des capacités sur plusieurs thématiques à savoir la vie associative, la formation sur les itinéraires techniques de production, les techniques de conservation, la facilitation à l’accès aux intrants agricoles et les semences de qualité. Grâce au partenaire Suisse à travers son programme d’appui au secteur de développement rural (Pasder), l’Union accompagne techniquement et financièrement les producteurs jus- qu’à la commercialisation de leur récolte.  Par le biais du warrantage, l’accès aux crédits agricoles est facilité aux associations. Dotation en matériels agricoles et de transformation

La dotation des organisations paysannes en matériels agricoles et de transformation sont également des œuvres de l’Union en faveur du secteur vivrier. A côté des facilitations d’accès aux crédits agricoles dans les banques qu’assure l’Union aux producteurs dans toutes leurs activités, il est à noter que plusieurs organisations paysannes de base disposent déjà d’un nombre important de matériels agricoles. Au passage, la construction de dix-huit magasins dans les deux départements est effective grâce aux multiples compétences associées. Si à N’dali et à Pèrèrè deux usines sont respectivement érigées pour la transformation du manioc en toutes ses dérivées, c’est plutôt une usine de transformation du riz qui a vu le jour à Kandi. L’Union poursuit sa démarche d’œuvres- utiles en dotant la région de huit tracteurs afin de mieux répondre aux besoins des producteurs. Idem à Kandi, Banikoara et Kalalé, environ huit hectares de bas-fonds sont aménagés dans chaque commune pour booster la production maraîchère.

Quelques progrès enregistrés en 2018

Les actions entreprises par l’association faîtière des producteurs du Borgou et de l’Alibori ont conduit aux résultats presque satisfaisants dans plusieurs domaines qu’embrasse l’Union. Grâce aux actions de renforcement des capacités organisationnelles, techniques et managériales des coopératives pour l’accomplissement efficace et transparent de leur mission de service aux EFP, un ouf de soulagement couronne désormais les efforts.

Accès des femmes à la terre

Conformément aux objectifs de l’Union, la défense des intérêts des producteurs est une urgence face à laquelle il faut nécessairement agir le plus vite possible. Pour la cause féminine, l’Union régionale des producteurs du Borgou et de l’Alibori travaille d’arrache-pied pour permettre à la gent féminine d’accéder à la terre et de mener des activités agricoles autant bien que les hommes. L’Union associe à cet effet les chefs réligieux, les leaders d’opinion, les autorités locales et les responsables des ménages pour qu’au-delà de leur rôle de femme de foyer, ces dernières puissent disposer ne serait-ce qu’une portion de terres de sa famille pour pratiquer l’agriculture.

Mise en place des couloirs de transhumance

Avec l’appui des partenaires techniques et financiers notamment le projet Suisse, l’Union de développement des organisations des producteurs et éleveurs de ruminants (Udoper) et Chathlic release service (Crs), l’Union régionale des producteurs du Borgou et de l’Alibori peut se frotter les mains sur les questions de transhumance dans les quatorze communes. Par l’entremise des différents partenaires qui y interviennent, les couloirs de transhumances sont tracés mettant ainsi presque à terme les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Pour des cas particuliers, la structure et ses partenaires, en responsables, travaillent à la conciliation.

Vers une professionnalisation des producteurs

Selon Bouyagui Ba Orou, coordonnateur de l’Union régionale des producteurs du Borgou et de l’Alibori, il est désormais indispensable de passer à la professionnalisation des producteurs. Et pour y parvenir, toutes ses équipes techniques travaillent d’ores et déjà pour créer une chaîne d’interaction entre les producteurs, le marché des intrants agricoles, et les consommateurs. « Notre préoccupation, c’est d’amener le producteur à vendre ses produits avant la production » précise-t-il. Les bénéfices ainsi engrangés conduiront à la diversification des activités les plus rentables. Mais pour une réorganisation du secteur vivrier au Bénin à l’instar de celui cotonnier, Bouyagui Ba Orou estime qu’il urge véritablement que les politiques agricoles accordent plus d’attention aux productions de première nécessité que sont les produits vivriers. Car, même dans son champ de coton, le cotonculteur a besoin d’une bonne alimentation. Ce qui se repose à postériori sur une bonne organisation du secteur vivrier.

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