Agro-entrepreneuriat dans le Nord-Bénin : Des jeunes sans emploi se trouvent enfin une porte de sortie.

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Face au taux élevé de chômage et de sous-emploi au Bénin, la jeunesse prend de plus en plus conscience qu’elle doit apprendre à voler de ses propres ailes. Le principal chemin pour y arriver selon plusieurs observateurs et spécialistes de l’emploi est l’entrepreneuriat et surtout l’entrepreneuriat agricole. A Parakou, la grande métropole du Nord-Bénin, des jeunes commencent à s’intéresser à l’agriculture sous toutes ses formes, malgré les énormes obstacles qu’ils affrontent au quotidien.

Que cela soit dans la production, la transformation ou la commercialisation, l’entrepreneuriat agricole connait des avancées ces dernières années au Bénin, et plus particulièrement dans la partie septentrionale. A Parakou par exemple, ils sont de plus en plus nombreux, ces jeunes qui ont choisi d’entreprendre dans le sous-secteur de l’agriculture, avec en prime une modernisation par rapport aux temps anciens. En claire, cette nouvelle génération d’entrepreneurs agricoles n’utilise plus forcément des outils archaïques tels que la daba, la houe, le coupe-coupe etc… Mais on parle beaucoup plus d’entreprises agricoles avec un plan d’affaires bien ficelé, des financements à rechercher sur le marché financier, des matériels et des techniques culturales nettement plus modernes afin d’améliorer la productivité, donc pour rentabiliser l’investissement. Bref ! on est en train de traverser progressivement l’agriculture de subsistance pour se diriger progressivement vers une agriculture commerciale, voire industrielle.

La sortie du chômage comme principale raison…

Ce regain d’engouement pour l’agriculture dans le rang des jeunes peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Le principal selon certains observateurs reste le taux élevé de chômage et de sous-emploi. En effet, face aux difficultés à s’insérer professionnellement après des années de formation, plusieurs jeunes se tournent peu à peu vers l’entrepreneuriat et surtout l’entrepreneuriat agricole. Un peu comme pour justifier l’opinion populaire au Bénin selon laquelle « lorsqu’on ne trouve rien à faire d’autre, on va à la terre », ces jeunes ont abandonné l’idée de devenir bureaucrate pour désormais rêver d’une carrière d’entrepreneur. L’autre raison, serait aussi la présence de la Faculté d’Agronomie de l’Université de Parakou, des Lycées Techniques Agricoles dans la ville et dans les communes environnantes. Les apprenants sortis de ces centres de formation n’hésitent pas, pour nombreux parmi eux, à expérimenter sur le terrain tout ce qu’ils ont appris dans les salles de cours. Ils cultivent pour la plupart des produits maraichers tels que la carotte, le piment vert, la tomate, le gombo, le chou etc…mais aussi des produits céréaliers (maïs, sorgho, le riz…) tuberculeux (manioc, ignames, patates douces…). Ainsi c’est les différents appels à l’auto-emploi qui ne seraient pas tombés dans des oreilles de sourds comme l’on pouvait penser, mais aussi, la manifestation de la volonté des jeunes à être financièrement indépendant qui se concrétise.

Des avancées mais encore beaucoup de défis à relever…

Comme dans le parcours d’un entrepreneur, les jeunes agro-entrepreneurs doivent composer avec plusieurs difficultés. D’abord l’accès au financement qui n’est pas gagné d’avance, surtout pour ces débutants qui doivent durement travailler pour convaincre les institutions financières de la fiabilité de leur projet. A ce niveau, ils peuvent compter sur le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin (Cci-Bénin). L’institution chaque année, initie un salon qui réunit établissements financiers, entrepreneurs et coachs en entrepreneuriat. On peut aussi citer l’initiative « Azoli » de l’ANPE qui prend en charge les jeunes peu et pas instruits et désireux de se lancer dans l’entreprenariat de façon général, et tout dernièrement le Projet d’Appui à la Formation Agricole et Rural (ProFAR) pour la prise en charge de la formation des jeunes pour entreprendre dans le sous-secteur…

L’autre difficulté des jeunes sur le chemin de l’agro-entreprenariat est le manque de formation. Beaucoup se lancent dans ce sous-secteur sans véritablement maîtriser les rouages d’où la nécessité de multiplier des projets de renforcement de capacités dans ce sens. « La première des choses c’est de se faire former » va d’ailleurs confirmer Abdel-Aziz Abdoulaye, Agronome et entrepreneur agricole. A ces difficultés s’ajoutent également la baisse de rentabilité, la mécanisation qui n’est pas encore à la hauteur de ce qui se faire dans les pays développés. Conséquence, les entreprises étrangères imposent très souvent une concurrence difficile à suivre par celles locales notamment au niveau des prix. Il faut aussi signaler les dérèglements climatiques qui ont un impact sur les rendements, l’encadrement de l’exportation de certains produits qui a plombé les prévisions de plusieurs entrepreneurs agricoles sans oublier le casse-tête pour obtenir la certification pour ceux qui sont dans la transformation. Ce sont là autant de défis à relever pour un environnement beaucoup plus prospère et plus valorisant pour les jeunes agro-entrepreneurs.

Jacques D. BOSSE Contact : 95795555

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