La transhumance n’est pas seulement le mal dénoncé dans les intrigues politiques observées dans les couloirs de l’hémicycle même si ce sont les députés qui votent les lois qui régissent ce phénomène au demeurant naturel. En vérité, la transhumance trouve son origine de façon légitime dans les sous-secteurs de l’agriculture et de l’élevage. Sur les terres emblavées, des bétails circulent sans frontière, ni autorisation ni ménagement, hors des couloirs préalablement tracés. Il arrive souvent que des dizaines, des centaines voire des milliers de tètes de bœufs et d’autres espèces apparentées débarquent dans les champs d’un paysan et dévorent tout. En l’absence ou sous le regard impuissant du cultivateur, les ruminants échappés à leurs maîtres ou sous la guidance de certains individus animés d’une mauvaise foi saccagent le travail de toute une vie. Ils réduisent en poussière les billons ainsi que des greniers, broutent les pousses et/ou les plants prêts pour la récolte. Le mal se répète chaque saison et aucune solution n’est concoctée comme panacée par les autorités. Si bien que les conséquences dramatiques se multiplient dans les contrées. Il n’est pas rare de suivre des scènes horribles et insoutenables à la télévision se rapportant aux batailles rangées entre agriculteurs et éleveurs. Un paysan révolté mais abattu dans un champ incite sa communauté villageoise à la vengeance. Pareil pour un bœuf abattu ou un bouvier agressé. L’esprit de vendetta s’observe de part et d’autre. Les commissariats de Police ne s’occupent parfois que de ces troubles dans les zones rurales. Les juridictions sont encombrées par ces genres d’affaires caractérisées par de violences inouïes. Mais bienheureusement, nombreux de ces conflits sont réglés à l’amiable loin de tout procès. Et c’est là, l’idéal. Car enfin de compte, ces deux acteurs de l’agropastoral sont contraints de vivre ensemble. Comme entre d’autres espèces, la symbiose est ici de mise. Juste l’entretenir en bonne intelligence avec le bon sens de la sociabilité humaine. Extirper le parasitisme voire la méchanceté gratuite sortis des cœurs aux instincts bestiaux. La transhumance n’est qu’un déplacement saisonnier des troupeaux d’un pâturage à un autre à la quête de nouvelle floraison ou de délicieuse verdure. La terre arable a besoin des crottes pour se régénérer. C’est là un fertilisant naturel, gage d’une agriculture bio qui nous épargne des dépenses liées aux soins du cancer en raison des intrants chimiques excessivement employés. C’est aussi là, la chaine alimentaire qu’on ne saurait rompre. D’ailleurs, l’aspect socio-culturel écarte toute possibilité de parler d’une quelconque sédentarisation en face d’un nomadisme naturel. La cohabitation relève de l’intention divine et les hommes doivent trouver la bonne parade pour réussir ce défi saisonnier.
Par Richard ADODJEVO