LE FONDS NATIONAL DE DEVELOPPEMENT AGRICOLE (FNDA) : Un facilitateur de l’accès aux services financiers des producteurs et promoteurs agricoles

0 178

Lors de sa séance du mercredi 29 juillet 2020, le Conseil des ministres a décidé d’un certain nombre de mesures spécifiques et incitatives au profit du secteur agricole pour atténuer les effets de la pandémie de Covid-19. Ainsi, 100 milliards F Cfa ont été mis à disposition du Fonds national de développement agricole (Fnda). Pour vous donner une vue panoramique de cette institution; son fonctionnement et ses perspectives un an après sa mise en œuvre, votre journal se propose d’aller à sa découverte…

Par L. Sébastien DOFFA

Les mesures prises par le gouvernement pour donner un coup de pouce aux acteurs du secteur a consisté à la mise à disposition de fonds. Soit le montant de 100 milliards F Cfa qui sera entièrement consacré à l’opérationnalisation du guichet 3 du Fonds national de développement agricole (Fnda), relatif à l’accès aux services financiers. Le Fonds national de développement agricole n’est pas un projet ou un programme qui a une durée de vie dans le temps. C’est un établissement public qui a une durée de vie illimitée. Sa gestion est totalement apolitique et autonome. « Il faut tout d’abord souligner que ce n’est pas le Fnda qui octroie le crédit. Le Fnda est un facilitateur et ce sont les banques et les Sfd qui donnent le financement parce qu’étant des vendeurs d’argent. Ils sont bien au contraire à la recherche de clients. Le dispositif, tel qu’il est monté, vous n’avez pas besoin de connaître quelqu’un pour accéder aux ressources qui sont là. », a indiqué clairement Valère Houssou, Directeur général du Fnda, le jeudi 29 juillet 2021 à la faveur d’une rencontre avec la presse à Cotonou. Il est utile de rappeler les différents volets des mesures d’abonnement au guichet 3 du Fnda.
Ces mesures sont constituées globalement de trois enveloppes qui devraient permettre aux producteurs d’accéder au crédit agricole. La première mesure, c’est le refinancement des banques et des Systèmes financiers décentralisés (Sfd) à un taux de 2%. Ces institutions s’obligent à opérer une sortie au profit des bénéficiaires au taux plafond de 12% l’an lorsque les dossiers sont présentés aux Sfd, et 8% l’an lorsqu’il s’agit des dossiers adressés aux banques. Une autre enveloppe de 35 milliards F Cfa est réservée pour garantir à hauteur de 50% les prêts que les banques et les Sfd seraient amenés à faire au profit des producteurs agricoles. Enfin, il y a une enveloppe dédiée à la bonification du taux d’intérêt par laquelle les producteurs peuvent accéder à un taux plafond de 2% l’an des crédits mis en place. Ce guichet est doté d’un approvisionnement de 15 milliards F Cfa. Les bénéficiaires éligibles sont ceux qui vont présenter des besoins d’investissement ou des opérations d’achat d’équipements ou d’intrants agricoles pour la revente. Les 100 milliards sont intégralement dédiés aux exploitants agricoles. Mais qui sont-ils ?
Commençons par dire que le dispositif du Fnda est accessible à tous les Béninois, quels qu’ils soient. Pour y accéder, il suffit d’avoir un projet qui intéresse l’une des Agences territoriales de développement agricole (Atda) dont le rôle est la promotion des filières. Cela suppose que tout demandeur de facilité du Fnda est détenteur d’un plan business. Ensuite, il doit se rapprocher de son Atda de provenance par le biais des cellules communales, il reçoit l’attestation d’alignement. Ce papier permet de s’assurer que le projet du promoteur est réel et non fictif et qu’il est en lien avec les ambitions de développement du pôle. L’attestation permet également de s’assurer que les ressources ne seront pas détournées à d’autres fins. Par la suite, c’est le promoteur qui dépose son dossier dans une banque ou un Sfd qu’il choisit lui-même ou avec lequel il a des liens historiques d’affaires. « Plus il avait construit une relation avec cette institution, plus cela va vite », précise Valère Houssou, Dg du Fnda. Il faut souligner que le plan d’affaires seul ne suffit pas. Il doit se rendre disponible pour faire le suivi et fournir des informations comme les états financiers certifiés dont la banque ou le Sfd a besoin pour les pièces complémentaires. Par ailleurs, l’un des moyens pour les exploitants qui ont des difficultés à se conformer aux modalités d’accès au crédit, est de se constituer en association ou en coopérative immatriculée. Pour cela, ils peuvent se rapprocher des Directions départementales de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Ddaep) pour avoir les conseils nécessaires. Au-delà des étapes sus citées, il importe pour tout demandeur de facilité du Fnda d’avoir le comportement d’un entrepreneur.
Les comportements à faire avoir…
Un entrepreneur, c’est celui qui prend des initiatives et qui est prêt à faire des efforts et non à verser dans la facilité. Avec le mécanisme du Fnda, il faut être en phase avec des pratiques qui sont d’actualités. Premièrement, le promoteur doit aligner la sincérité et la transparence dans son dossier. Pour cela, il doit éviter les écarts entre les informations décrites dans le plan d’affaires et ce qui pourrait se constater sur le terrain, ou les écarts entre le contenu du plan d’affaires et ce qu’il déclare lors de l’entretien avec le financier. Deuxièmement, son niveau d’éducation financière et sa maîtrise des pratiques bancaires s’avèrent important. En effet,Le monde bancaire et financier a ses réalités qu’il faut que les promoteurs agricoles comprennent. Troisièmement, les potentiels bénéficiaires doivent faire l’effort de monter les dossiers avec la garantie complémentaire d’au moins 50% parce que l’Etat, à travers le Fnda, garantit les prêts à 50%. « Il n’a jamais été question de garantir les prêts à 100%. », a fait savoir le Dg lors de sa sortie médiatique. Après un an de la mise en œuvre du Fnda, qu’est-ce qu’on peut retenir ?
« 54 projets agricoles sont déjà financés pour 4, 5 milliards F Cfa » dixit Valère Houssou
Après la création du Fnda, il a été noté un engouement auprès des producteurs lors des séances de sensibilisation organisées sur le fonctionnement du mécanisme dans les 12 départements. 60 000 producteurs ont été enregistrés lors ces séances. Cela a permis d’enregistrer à la date du 29 Juillet 2021, 647 dossiers de demandes de financements pour un montant de près de 20 milliards F Cfa déposés au niveau des banques et Systèmes financiers décentralisés (Sfd) selon le point fait par le Dg du Fnda. « Après analyse des dossiers par les banques et Sfd partenaires, nous sommes à un nombre très réduit de dossiers qui ont pu franchir les étapes pour aboutir au financement. Au 30 juin 2021, 54 projets ont pu déjà être financés pour un montant de 4, 5 milliards F Cfa. Et 47 sont actuellement en instruction pour un montant global de 6milliards F Cfa dans les banques. », a déclaré le 1er responsable du Fnda. Un bilan au-delà duquel, à en croire le Dg, le Fnda a plutôt de bonnes perspectives.
Les perspectives selon Valère Houssou, Dg du Fnda
Selon les propos de Valère Houssou, le Fnda travaille présentement à accompagner et soigner les dossiers de 300 petites et moyennes entreprises ou petites et moyennes industries (Pme/Pmi) agricoles et 2500 petits exploitants agricoles pour qu’ils soient bancables suivant les critères établis. In fine, le Fnda entend apporter l’accompagnement nécessaire à 2 millions de petits producteurs et exploitants agricoles organisés en coopératives immatriculées auprès des Sfd. Il y a aussi l’accompagnement de 2000 Pme/Pmi ou start-up à l’élaboration de leur plan d’affaires et états financiers certifiés, l’appui à 3000 Pme/Pmi agricoles en phase de croissance dans l’élaboration de leur plan d’affaires et leur mise en relation avec les banques et Sfd. Il est également envisagé le soutien à 40 projets d’envergure nationale pour mobiliser des financements de volume important auprès des institutions comme la Banque mondiale et la Société financière internationale (Ifc). A tout cela s’ajouteront la facilitation au crédit au taux de 6% l’an à près de 3000 acquéreurs d’équipements agricoles auprès de la Société nationale de mécanisation agricole (Sonama) et la bonification du taux d’intérêt pour permettre aux porteurs de projets d’investissement ou d’équipements d’avoir le crédit à 2% l’an.
Le Fnda apparaît aujourd’hui comme une grande opportunité à saisir par les jeunes,surtout les diplômés sans emploi.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.