Les pistes rurales en souffrance !

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Les pistes rurales au Bénin ont effleuré le gouffre et reviennent de très loin. Nonobstant de sporadiques reprofilages à coup de millions voire de milliards en début quasiment de chaque saison sèche, beaucoup plus pour faciliter le transport du coton des champs vers les marchés autogérés et des marchés auto gérée vers les usines d’égrenage, les pistes de déserte rurale végètent toujours dans de piteux états. Des 2KP à Ségbana en passant par Lahotan, les régions Tchi et bien d’autres localités du pays encore, le constat reste le même. Pourtant à l’idée de bénéficier un jour du goudron comme annoncer par l’actuel locataire de la Marina, qui tombera comme une manne pour effacer ce qu’il convient d’appeler leur long chemin de croix, les populations des zones concernées jugulent, et à cette promesse, elles y croient dur comme du fer. Mais en attendant sa concrétisation, encore que, « les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient » elles continuent de vivre le martyre et chacun selon ses lots de peines. Il y en a qui, pour accéder à leur site de productions agricoles sont obligés de faire une bonne partie du chemin à la nage. Sur ce parcours, des enfants et des adultes perdent parfois la vie ; emportés par des flots en furies…

Et quand la saison sèche se pointe, c’est la difficulté de transporter les récoltes vers les résidences afin de les sécuriser d’une part et d’autre part vers les marchés qui prend place. Après les pluies, et lorsque s’est installée la sécheresse, dans beaucoup de localités du Bénin, les pistes n’ont plus de nom. Les crevasses et autres trous béants dictent leur loi sur les routes sérieusement lessivées et entamées. Même à pied, on est parfois plus rapide que les véhicules et autres engins difficilement acquis par les paysans les plus nantis. Dans l’incapacité de sécuriser toute leur production dans ces conditions, d’autres abandonnent. Tout porte à croire que malgré les nombreuses promesses mirobolantes des politiques à l’égard des populations rurales, le bout du tunnel n’est pas pour demain. Tant la situation va de mal en pire. 

Face à la réalité de l’impraticabilité de nos pistes de desserte rurale, l’on est en droit de se poser mille et une questions. Que sont devenues les récurrentes promesses de nos différents gouvernants qui pour l’entretien des pistes rurales et qui encore pour faire du bitume et de l’asphalte une priorité sur toute l’étendue du territoire national ? Où allaient les milliards décaissés chaque année pour entretenir nos routes ; les pistes de desserte rurale notamment ? Quels suivis sont faits des travaux annuels d’entretien des pistes de desserte rurales ? Les entreprises adjudicataires de ces travaux ont-elles réellement les compétences pour ? Pourquoi ce sort réservé aux grandes zones productrices de la richesse agricole au Bénin depuis des décennies ? A quand la fin de la souffrance des producteurs agricoles en ce qui concerne la praticabilité des pistes de desserte rurale ? Qu’en advient-il du Nord Bénin, grenier de l’or blanc et des produits céréaliers ? Nos gouvernants actuels et passés peuvent-ils nous assurer d’avoir vraiment consenti les efforts conséquents pour passer de la parole à l’acte et prouver selon le vieil adage que la route du développement passe par le développement de la route ? Loin s’en faut. Et, même si les populations qui vivent au quotidien cette dure réalité jusqu’à nos jours ne savent souvent à quel saint se vouer, la crédibilité des politiques notamment, celle des gouvernants au sommet de l’appareil d’Etat a pris un véritable coup en ce qui concerne le respect de la parole donnée.

La piste rurale, lieu par excellence du transport de l’or blanc de notre pays (le coton) et bien d’autres spéculations non moins importantes a besoin de son plan Marchal. La redistribution des richesses du pays doit descendre jusqu’à ce niveau-là aussi…

 La vieille question de l’impraticabilité des pistes rurales mérite d’être prise à bras-le-corps. Pour faire réellement de l’agriculture béninoise la locomotive de l’économie du pays, il y a bien des paramètres essentiels qui doivent être pris en compte ; et cette question des pistes rurales en est une des plus prépondérantes.

L. Sébastien DOFFA

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